Chers Amis,

C’est désormais certain. Nous avons changé d’époque. Depuis près de trois quarts de siècle, le monde avait été structuré par les grands équilibres définis au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, avec une puissance américaine dominante, une Europe en construction pour assurer au continent paix et progrès, ainsi qu’une foi partagée dans les bienfaits du multilatéralisme. Ce temps est révolu, la rupture consommée. Il nous appartient maintenant d’écrire un nouveau chapitre de l’Histoire.

Partout dans le monde, l’équilibre des forces est en train de se modifier. Les « trumperies » s’acharnent à détruire systématiquement ce qui reste d’un ordre multilatéral bien fragile. De soi-disant hommes forts exploitent le cadre démocratique et les peurs des peuples pour mettre en place de véritables dictatures. La révolution digitale en cours transforme l’économie, les emplois, mais aussi les conditions d’exercice de nos libertés. L’explosion démographique africaine et la multiplication des conflits au sud et à l’est de l’Union entraînent des mouvements migratoires incontrôlés.

Face à cette situation radicalement nouvelle, les dirigeants français et européens actuels apparaissent désemparés. Incapables de sortir des schémas de pensée traditionnels, ils se montrent impuissants à combattre la vague eurosceptique et la redoutable régression que nous sommes en train de vivre.

Nous ne devons pas avoir honte de nos valeurs, de notre histoire et de ce que nous sommes ! C’est notre responsabilité commune de nous opposer à la remise en cause des droits fondamentaux et des libertés que les générations précédentes se sont battues pour conquérir, parfois au péril de leur vie.

La séparation des enfants de leur famille telle qu’elle a été pratiquée aux Etats-Unis ou le recensement des Roms proposé par le ministre italien de l’Intérieur nous rappellent les plus sinistres heures de l’histoire. Nous devons les combattre, comme nous devons fermement rejeter l’enfermement des enfants pratiqué en France pour les familles en attente d’expulsion et refuser que nos dirigeants assistent immobiles à la dérive de nouveaux Aquarius ou Lifeline au large de nos côtes.

Ces principes réaffirmés, il nous revient d’agir pour offrir à la France, comme à l’Europe, l’avenir que nous voulons en rendant le nouveau monde fort et libre. Cela suppose de nous affranchir des concepts du passé ou des vieux schémas usés pour donner un nouvel élan à la coopération internationale et à l’Union européenne.

Notre époque exige de l’imagination, du courage et de l’audace pour affronter les défis inexplorés de la démocratie et du progrès social à l’heure de l’intelligence artificielle, le risque persistant de conflits et de guerres ou les questions toujours d’actualité de l’éducation, de l’intégration et de la pauvreté. Qu’il s’agisse du système politique, de l’organisation étatique, du modèle économique et social ou de la construction européenne, nous devons agir en fondateurs et en pionniers. À monde nouveau, idées nouvelles !

Nous nous trouvons à un tournant de l’histoire. Cette situation est porteuse de risques. Elle est aussi notre chance. Aujourd’hui, la capacité de façonner le monde pour le meilleur ou pour le pire est entre nos mains. C’est un privilège et une responsabilité qui n’ont été offerts qu’à quelques générations de Français. À nous maintenant de nous en montrer dignes en offrant à notre pays et à l’Europe un avenir meilleur.

Bon week-end à tous

François Vigne

Président de la France en marche

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