Chers Amis,
Ne négocions jamais avec nos peurs, mais n’ayons jamais peur de négocier, comme le recommandait John Fitzgerald Kennedy. Gouverner, c’est choisir, à l’opposé de la doctrine du « en même temps ». Gouverner, c’est souvent aussi mécontenter. Mais gouverner, ce n’est pas décréter solitairement !
Emmanuel Macron a tort quand il déclare, comme hier : « je suis là pour construire le visage agricole de la France des prochaine années ». Personne ne lui demande de le dessiner tout seul, d’en haut. Sa responsabilité et celle de son gouvernement sont de donner aux agriculteurs français les moyens de construire eux-mêmes, sur le terrain, l’avenir agricole de la France, ainsi que de leur propre prospérité, en rétablissant les conditions de la compétitivité nationale et en négociant le cadre approprié à Bruxelles, à l’OMC ou dans les autres enceintes concernées.
À gouverner les hommes de trop haut, on perd l’habitude de les regarder comme le pointait Maurice Druon. Pour Jupiter, il est urgent de redescendre sur terre, plutôt que de jouer au théâtre en son palais ! Il faut réformer et transformer sans attendre. Mais la France n’a rien à gagner à la frénésie actuelle. Il peut paraître habile de vouloir étouffer toute opposition à une réforme en la noyant dans le bruit de l’annonce de la suivante. Le quinquennat Sarkozy a montré l’impasse de cette méthode. Qui trop embrasse, mal étreint. Et s’il y a une chose claire aujourd’hui, c’est que l’exécutif ouvre tant de pistes que le peuple ne voit plus le chemin.
L’environnement économique reste exceptionnellement favorable aux réformes. Il serait dommage de le gâcher par des erreurs d’exécution et de méthode. La coagulation des mécontentements ne favorisera pas le changement. Elle le bloquera. N’oublions jamais les mots d’Euripide : « le peuple au plus ardent de sa colère est pareil à un feu trop vif pour être éteint. » C’est pour cela qu’il y a deux réelles priorités pour la France : la transformation de l’Etat, absolument indispensable, mais toujours pas démarrée, et la reconquête de la confiance pour offrir à notre démocratie l’avenir qu’elle mérite.
Certains avaient voulu croire que l’élection présidentielle de 2017 avait réglé la crise politique en jetant les anciens partis dans l’ornière et que le macronisme allait renouveler la vie politique et vivifier la démocratie. L’abstention aux législatives et la convergence des derniers sondages prouvent qu’il n’en a rien été. La grande majorité des Français n’a pas confiance dans les institutions politiques actuelles. Elle a aussi perdu les espoirs placés dans la rupture présidentielle. Le reste de confiance est le seul fait de diplômés, tandis que les catégories modestes préfèrent déserter le terrain démocratique.
Contrairement aux conclusions de la note de la Fondation Jean Jaurès publiée cette semaine, je ne crois pas au choix délibéré de la sécession par les Français les plus favorisés. Mais il est clair, comme me le montrent toutes mes visites sur le terrain, qu’il existe un fossé de plus en plus profond entre les citoyens les plus aisés et le reste de la population.
Cet abîme, c’est la responsabilité des dirigeants politiques de le combler en réunissant les citoyens autour d’un même projet. Ce n’est pas en cherchant à diviser, comme le fait le président des Républicains, ou en montant les Français, cheminots, agriculteurs, syndicats ou autres, les uns contre les autres, comme le tente actuellement le gouvernement que nous y parviendrons. C’est de la vieille politique et ce n’est plus ce que souhaitent nos concitoyens, pas plus d’ailleurs que de voir leurs gouvernants faire semblant de s’occuper des agriculteurs une fois par an en jouant à celui qui restera le plus longtemps au salon de la Porte de Versailles…
J’ai la ferme conviction, avec toute notre équipe, que nous ne pourrons affronter les défis actuels qu’à condition de nous rassembler pour les relever ensemble, de porter une espérance commune et d’aller tous dans la même direction : vers un avenir meilleur pour nos enfants et nos petits-enfants. Grandeur de la France et progrès partagé, voilà l’objectif, le fondement de notre engagement et ce qui permettra de poursuivre ensemble la grande marche de ceux qui nous ont précédés, la marche vers une France plus grande, plus libre, plus généreuse, plus juste et plus prospère. Ensemble, pour la France !
Bon week-end à tous
François Vigne
Président de la France en marche