Chers Amis,

Le débat de lundi soir était annoncé comme un nouveau départ pour la campagne. Logiquement, il n’en a rien été. Les cinq candidats invités ont sommairement décliné le catalogue de leurs programmes en surfant de la même façon sur les sujets anecdotiques que sur les choix fondamentaux, à commencer par le choix européen.

Dans ces conditions, le débat n’aura servi à rien. Il se confirme que tout est fait pour condamner les Français à arbitrer, au second tour, entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron. La France mérite mieux que ce viol démocratique !

Le fait qu’un jeune Français sur deux qualifie la campagne présidentielle de « pathétique » et plus d’un sur trois la juge « écœurante », à cause notamment des affaires Fillon et Le Pen, doit nous interpeller et nous amener à réagir. Un second tour Macron – Le Pen aurait au surplus l’inconvénient d’opposer la France intégrée à celle des périphéries, la France favorisée à celle des oubliées, avec des conséquences lourdes de risques futurs.

Je crois fondamentalement que la bonne décision serait, pour le Conseil constitutionnel, de constater l’empêchement de François Fillon et de décider le report de l’élection présidentielle pour permettre aux Français de choisir entre le projet anti-européen de Marine Le Pen, celui d’une droite réformatrice et moderne réunie autour d’un nouveau candidat, celui de la majorité actuelle reconstituée autours d’Emmanuel Macron et celui de collectivisme à la mode Mélenchon. C’est le sens de l’appel au report du scrutin présidentiel que j’entends lancer et que je vous appelle à soutenir.

Ce n’est pas que je souhaite la prolongation du mandat de François Hollande, ni celle de notre gouvernement moribond, mais c’est à tout prendre, la moins mauvaise solution ! Les enjeux actuels sont trop importants pour que l’élection 2017 reste, dans l’histoire, comme celle du président mal élu et d’un véritable hold-up démocratique réalisé avec la complicité de l’appareil d’Etat. Il en va de l’avenir de la France, comme de l’Union européenne.

Nous fêtons aujourd’hui ses 60 ans. Malgré ses imperfections réelles, nous n’avons aucune raison d’avoir l’Europe honteuse. Sous l’impulsion de dirigeants visionnaires, notamment français, elle nous  a permis, dans beaucoup de domaines, de progresser plus vite que chacun de ses pays membres n’auraient pu le faire individuellement. C’est parce qu’elle a sombré, depuis 20 ans, dans l’immobilisme et que les gouvernants Français l’ont désertée qu’elle est aujourd’hui en crise profonde.

Le fait que 82% des jeunes Français jugent la construction européenne positive nous oblige. Nous devons lui donner un nouveau départ. Cela impose de procéder, sans nostalgie, ni états d’âme, aux transformations nécessaires et de mobiliser ses peuples autour de projets clairs, respectueux de la souveraineté de ses Etats membres et leur permettant de regrouper leurs forces pour retrouver le chemin du progrès.

Avec force et détermination, grâce à la puissance de nos valeurs et de nos idéaux, nos grands-parents et nos parents ont su mettre fin à la guerre froide et faire triompher la liberté. L’Allemagne a été réunifiée. Nous avons accueilli des jeunes démocraties justes sorties de la dictature, puis leur avons permis de prendre leur envol. Ce sont de grands succès, que nous n’aurions pu réaliser seuls.

L’Union actuelle peut légitimement nous agacer, avec ses insuffisances, ses lourdeurs, ses aberrations ou les faiblesses de ses dirigeants. Mais il serait stupide de plonger dans l’inconnu et de renoncer à ce qui a été conquis avec patience. Nous avons tous les moyens de transformer l’édifice européen pour le remettre d’aplomb et permettre à ses nations, à commencer par la nôtre, de repartir de l’avant !

Cela suppose de l’imagination, de la volonté, de l’énergie et du talent. Nous n’en manquons pas collectivement ! À nous donc d’agir pour que la France et l’Europe soient à la hauteur de nos espoirs comme de nos ambitions et que nos héritiers puissent, dans 60 ans, être fiers de ce que nous aurons réalisé ensemble.

Bon anniversaire à l’Europe et bon week-end à tous !

François Vigne

Président de la France en marche

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