Chers Amis,

Jean-Louis Borloo a raison. Il y a urgence à passer à l’action dans les banlieues. La situation est grave, la désinvolture, les mensonges et l’irresponsabilité du système, tels qu’il les dénonce dans son rapport remis hier, inacceptables. Jamais la dépense publique n’a été aussi importante qu’aujourd’hui en France, jamais la pression fiscale n’a été aussi forte, jamais la dette publique n’a aussi été élevée, mais jamais les banlieues n’ont été aussi délaissées. Alors que la croissance économique a fortement ralenti au premier trimestre, nous devons faire de leur réintégration au sein de la République une priorité absolue.

J’intervenais récemment devant une classe de 4ème dans un collège de la très proche banlieue parisienne. J’ai pu de nouveau y toucher du doigt, chez les professeurs, chez les parents, chez les élèves, cet immense sentiment d’abandon et cette profonde attente que la France qui avance, la France qui va bien, leur tende enfin la main.

Les évènements des six dernières années l’ont montré. Les 500 000 jeunes de 16 à 24 ans, dont parlait avant-hier Jean-Louis Borloo, qui traînent, en bas des tours, les bras croisés, sont la proie que visent les trafiquants de toute nature et les sergents recruteurs du terrorisme islamiste, pour corrompre et détruire nos sociétés. C’est pour cela aussi que nous devons agir vite, avant qu’il ne soit trop tard.

Tout n’est pas à retenir dans le rapport Borloo. En particulier, les propositions de mise en place d’une nouvelle juridiction administrative spécialisée ou d’une académie des leaders, sur le modèle de l’ENA, relèvent d’une approche trop administrative et datée. Surtout, il est essentiel de sortir les banlieues du ghetto où elles sont enfermées depuis trop longtemps et de poursuivre l’objectif de les faire rentrer dans le droit commun.

Dans cette perspective, il est prioritaire, ce qu’oublie le rapport présenté jeudi, de rétablir l’état de droit et d’assurer la sécurité dans l’ensemble des banlieues, en faisant disparaître toutes les zones de non-droit. Cela suppose de mettre beaucoup plus de policiers sur le terrain, d’assurer l’exécution de toutes les décisions de justice, ainsi que le respect de la discipline dans les écoles et de la laïcité dans tous les lieux publics.

Les quartiers ont moins besoin de discours et de déclarations que d’investissements humains. L’école a un rôle fondamental à jouer, en enseignant à l’ensemble de la jeunesse notre langue, notre histoire, notre culture et les valeurs qui font la grandeur et la fierté de notre pays. Mais nous devons aussi responsabiliser les parents et leur donner les moyens d’assumer pleinement leur rôle, en les y aidant aussi souvent que nécessaire, et en sanctionnant le cas échéant.

Rendre leur dignité aux jeunes et aux parents, les responsabiliser passe bien sûr par l’emploi. Les chiffres du chômage publiés mercredi montrent que cette bataille est encore loin d’être gagnée. Pour y parvenir, il est urgent de réduire les charges publiques sur le travail et de favoriser l’entrepreneuriat. C’est en vainquant le chômage de masse dans les banlieues aussi que nous pourrons chasser la délinquance, la drogue comme les autres trafics et réussir l’intégration de tous au sein de la communauté nationale.

La reconquête des banlieues ne sera complète que si nous réenchantons l’espace public, que si nous sommes capables d’y réintroduire l’émerveillement et la joie, par le respect des relations des voisinage, par la beauté de l’architecture, ainsi que par la qualité et la propreté des places, des rues, des cages d’escalier ou de tous les lieux partagés. Favoriser l’accession à la propriété, gage de meilleur entretien et de respect des espaces communs, est un moyen complémentaire pour y parvenir. C’est ce qui redonne dignité et fierté aux habitants. Cela implique de dégager les ressources nécessaires. Avec plus de 56% de dépenses publiques, nous les avons nécessairement en réalisant les économies partout où elles sont possibles !

Je crois profondément que le sujet des inégalités est l’une des questions les plus importantes posées à notre génération. Si nous laissons les habitants des banlieues, des zones industrielles abandonnées ou des campagnes désertées, constater que leur futur est très sombre et que celui de leurs enfants n’est pas plus attrayant, alors la question de l’avenir de notre pays et de notre démocratie sera posée. C’est parce qu’Hillary Clinton a voulu se concentrer sur la seule Amérique qui regardait vers l’avant et fait le pari que les troisièmes, quatrièmes ou derniers de cordée suivraient, que les Etats-Unis se retrouvent là où ils sont aujourd’hui.

La France mérite un autre choix, celui de l’ambition et du progrès partagé. Ensemble, relevons le défi des banlieues et acceptons la responsabilité de construire une France plus unie, plus prospère et plus grande que nous l’avons trouvée.

Bon week-end à tous

François Vigne

Président de la France en marche

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