Chers Amis,

La semaine aurait pu être dominée par les ténèbres. Elle fut, malgré la pluie, placée sous le signe de la lumière grâce au colonel Arnaud Beltrame. Il a, par son geste extraordinaire, redonné espoir à tout notre peuple et, plus largement, au monde entier. C’est en effet de l’ensemble des pays qu’ont afflué les messages de reconnaissance et de soutien. Après le temps des hommages officiels et des funérailles, il nous revient de tirer toute la sève de son sacrifice pour nous en montrer dignes et le faire fructifier.

Ce ne sont ni des lois, ni des procédures qui ont vaincu le lâche terroriste de vendredi dernier. Ce n’est pas non plus l’intelligence artificielle, ni un robot. C’est un homme avec tout son coeur, son courage et sa fragilité. Cela nous renvoie chacun à notre propre responsabilité. Le monde sera ce que nous en ferons. Ne comptons pas trop sur nos dirigeants, ni sur l’administration, mais agissons ensemble, chacun à notre mesure, pour bâtir la France que nous voulons.

Si toutes les Françaises et tous les Français se sont sentis plus forts et plus fiers, s’ils ont été gagnés par l’espérance, c’est par la force de l’exemple. Chaque fois que je me réfère à l’éthique des fondateurs de la Vème République lors de réunions publiques ou de conversations sur le terrain, je me vois rétorquer que les temps ont changé et que tout cela, c’est du passé. Arnaud Beltrame vient de montrer le contraire et que l’exemplarité n’est pas dépassée ! C’est au contraire parce qu’ils seront exemplaires que les dirigeants de l’Etat, de l’administration, mais aussi des entreprises ou des syndicats, permettront à notre peuple tout entier de relever les défis actuels et de progresser ensemble.

Ce fut aussi le tour de force du colonel Beltrame de réconcilier la foi avec la République. Il a démontré de façon éclatante qu’on peut être en même temps croyant et grand serviteur de notre nation et que la religion a toute sa place en France, dès lors qu’elle est pratiquée dans le respect des lois et des principes fondamentaux qui forment notre héritage commun. Ce n’est pas en chassant la religion de la République que nous serons victorieux face au terrorisme islamiste, mais en faisant respecter la loi partout en France, en mettant fin aux petits accommodements et en menant la lutte partout sur le terrain.

Ce combat quotidien, Arnaud Beltrame le conduisait. Quand la plupart de nos dirigeants politiques se contentent de discours, lui agissait là où il se trouvait pour servir l’ordre public et la paix de ses concitoyens, malgré le manque de moyens. Sa mort doit retentir comme un signal supplémentaire pour recentrer l’Etat sur ses missions essentielles et dégager les ressources nécessaires pour donner à nos soldats, à nos gendarmes, à nos policiers et à nos juges les moyens du succès.

Allant au-delà de ce que prescrivent les codes ou les directives militaires, notre courageux colonel a montré que le cadre actuel ne suffit plus. Après 280 victimes en six ans, il est impossible de dire qu’on ne peut rien faire de plus et que de nouveaux attentats sont inévitables. Il est urgent au contraire de tirer les enseignements de ce qui s’est passé depuis 2012 et de tout mettre en œuvre pour assurer aux Français la sécurité à laquelle ils aspirent.

Ce qui vaut pour le terrorisme islamiste vaut aussi pour l’antisémitisme. L’ignoble assassinat de Mireille Knoll, après celui de Sarah Halimi, doit nous réveiller. Au-delà des mesures annoncées le 19 mars par le Premier ministre, il est impérieux que la lutte contre l’antisémitisme devienne, comme le combat contre le terrorisme islamiste, une priorité absolue pour la France et son gouvernement.

Rien ne servirait de transformer et de réformer notre pays si la paix de tous ne pouvait y être assurée. Face aux dangers mortels de l’insécurité et de la division, il nous appartient de réaliser la promesse de notre citoyenneté. Le sacrifice d’Arnaud Beltrame nous confirme que nous pouvons avoir confiance en la France et en notre peuple. C’est par l’union que nous réussirons.

Je vous souhaite à tous, ainsi qu’à vos familles, de joyeuses fêtes pascales. Puisse la lumière de Pâques éclairer notre pays et le monde.

François Vigne

Président de la France en marche

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