Chers Amis,

Chassez le naturel, il revient au galop ! Festival d’annonces désordonnées de nouvelles idées d’impôts et de taxes, finances publiques en déroute, nouveaux développements de l’affaire Benalla : il fallait se pincer cette semaine pour ne pas se croire revenu cinq ou six ans en arrière, aux pires moments du quinquennat Hollande, du matraquage fiscal et de l’affaire du scooter. Le Macrontour actuel ne peut tenir lieu de politique. Il y a urgence à remettre de l’ordre et à retrouver un cap !

Même si le président a commencé hier à sonner la fin de la récréation fiscale, le mal est fait, les craintes ravivées, l’immobilisme ressuscité. Cette foire aux taxes n’aurait jamais dû être autorisée. Le seul domaine pour lequel la créativité ministérielle serait souhaitable est celui de la proposition d’économies budgétaires. Mais rien n’est venu sur ce terrain de la part des membres du gouvernement. C’est pourtant là que la responsabilité les appelle.

Le réquisitoire présenté par la Cour des comptes mercredi est implacable. Aucun redressement des finances publiques n’a été réalisé depuis l’élection d’Emmanuel Macron. La conclusion des magistrats est tout aussi limpide. « Une réduction soutenue des déficits (…) est impérative de manière à amorcer enfin la décrue du ratio de dette publique au PIB et à retrouver des marges de manœuvre budgétaires permettant, notamment, de faire face à un retournement conjoncturel ou à une situation de crise. Compte tenu du niveau élevé des prélèvements obligatoires, un tel assainissement, a fortiori si on veut l’accompagner d’une baisse de prélèvements obligatoires, passe nécessairement par une maîtrise accrue des dépenses publiques. »

La route est donc claire. Mais il faut aussi que l’exécutif dise la vérité aux Français. Tout indique que le projet de budget est aujourd’hui frappé d’insincérité. De la prévision trop élevée de croissance de 1,7% à la non-prise en compte de l’effet des dépenses annoncées en fin d’année dernière pour tenter de trouver une issue à la crise des Gilets jaunes, les facteurs de nouvelle dérive budgétaire sont évidents et convergents.

C’est pour cela qu’il est indispensable, comme le souligne la Cour des comptes, que « le gouvernement présente, dès que possible, des projets de lois de finances rectificatives pour l’État et la Sécurité sociale, intégrant, de manière sincère et exhaustive » les conséquences des mesures d’urgence et d’une plus faible croissance économique.

Ce n’est pas faire injure à Emmanuel Macron, ni se montrer injuste env ers lui, que de constater, près de deux ans après son élection, que sa politique intérieure est en échec. C’est clair s’agissant des finances publiques. La situation n’est pas meilleure sur le front de l’emploi, au regard de la performance des pays comparables, ni sur celui du commerce extérieur, dont les chiffres publiés jeudi ont confirmé un nouveau plongeon à 60 milliards d’euros en 2018. Il est malheureux de constater qu’au sein de l’Europe des 28, seul le Royaume-Uni a fait pire.

Cet échec repose sur une erreur fondatrice. Le chef de l’Etat s’est trompé de priorité. Plutôt que de se concentrer d’abord sur les ordonnances Travail et d’autres mesures de diversion ou de circonstance, le président de la République et son équipe auraient dû s’attaquer à la réforme de l’Etat. Elle est indispensable, comme en attestent les dysfonctionnements constatés chaque jour, des urgences hospitalières à ceux mis en lumière par la Cour des Comptes ou l’affaire Benalla. Elle ne peut plus attendre, comme l’a confirmé la crise des Gilets jaunes, dont la plupart des revendications portent, en dehors du relèvement du pouvoir d’achat, sur un retour à un fonctionnement efficace de l’Etat partout en France.

S’il est juste de reconnaître que les premiers mois du quinquennat Macron avaient permis un fort redressement de l’image internationale de notre pays, après le naufrage de la période Hollande, il faut constater que sa politique européenne et internationale est aujourd’hui largement en échec aussi. 21 mois après l’élection présidentielle, la France se trouve, dans beaucoup de domaines, isolée ou ignorée. Et je crois que ni nous, ni l’Europe n’avons rien à gagner à voir se développer la querelle de chiffonniers actuelle avec l’exécutif italien, entre deux nations fondatrices de l’Union. L’histoire du XXième siècle nous enseigne comment de telles disputes, parties de faits minuscules, peuvent dégénérer.

Il est normal que les Français éprouvent en ce moment un vrai soulagement à voir s’éteindre la phase la plus violente de la crise des Gilets jaunes. Mais nous ne devons pas nous endormir. Sur les fronts national, européen et international, l’urgence est d’agir pour redresser la barre et sortir notre pays de la spirale du déclin. Cela suppose aussi de retrouver l’unité nationale, mise à mal par les politiques menées depuis 2012.

Notre combat est là. C’est en travaillant ensemble à rassembler les Français, à rétablir un État digne de ce nom et à redonner un sens à la construction européenne que nous pourrons permettre à notre pays de repartir de l’avant, d’affronter les défis de notre époque et d’offrir à son peuple le progrès social qu’il désire.

Ne gâchons plus notre temps, ni nos talents, mais construisons ensemble la France et l’Europe que nous voulons et que le monde attend.

Bon week-end à tous

François Vigne

Président de la France en marche

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