Les dirigeants européens jouent avec le feu. Les derniers développements de la crise grecque témoignent d’une exaspération croissante. Ils menacent également la stabilité des marchés et, par là-même, la croissance actuelle comme l’ont montré les tensions sur le marché des taux la semaine dernière.
La situation ressemble de plus en plus à celle d’une famille dans laquelle un fils endetté se révèle incapable de rembourser ses frères. Point de salut possible sans rééchelonnement des dettes, voire abandon d’une partie d’entre-elles. Le respect du principe d’aléa moral et le besoin de ménager les peuples d’Irlande, d’Espagne et du Portugal après les sacrifices douloureux qu’ils ont consentis sont de mauvaises justifications à l’aveuglement actuel. Nous avons collectivement tout à perdre à une nouvelle crise de l’euro qui viendrait ruiner à néant les efforts réalisés par tous.
Nous devons regarder les choses en face. Le problème grec ne trouvera de solution heureuse que sur la durée, qui permettra de mettre en œuvre les réformes de structure indispensables et de percer à jour les impostures populistes, d’où qu’elles viennent. Un rééchelonnement long de la dette grecque est donc nécessaire, accompagné d’une période de grâce offrant à la république hellénique la possibilité de reprendre un peu de souffle et à son peuple de voir enfin la lumière au fin du tunnel. Cette restructuration de la dette grecque sera garantie par le Mécanisme Européen de Stabilité. Elle sera assortie d’un principe absolu d’exclusion de garantie de toute nouvelle dette publique grecque, aussi longtemps que la dette rééchelonnée n’aura pas été intégralement remboursée avec le double objectif d’éviter toute nouvelle fuite en avant et de respecter les efforts réalisés par les autres peuples d’Europe.
Au delà du problème grec, il faut refonder l’Europe pour stopper son délitement et lui donner un souffle nouveau. La vieille proposition de l’Europe des cercles et de la convergence au sein de la zone euro, relancée jeudi dernier par Emmanuel Macron et par le vice-chancelier allemand, Sigmar Gabriel, n’est ni crédible, ni pertinente.
Elle n’est pas crédible, car il n’y aura convergence budgétaire et fiscale possible qu’après un réforme profonde du système administratif français permettant de ramener nos prélèvements obligatoires au niveau de la moyenne de la zone euro, soit 5 points de PIB et plus de 110 milliards d’euros : aucun membre de la zone euro ne souhaite en effet augmenter son taux de prélèvement obligatoire pour le faire converger vers celui de notre pays ! Au rythme actuel, une éventuelle convergence prendrait au moins cinq ans, soit un délai beaucoup trop long par rapport à l’urgence de la situation.
Elle n’est pas non plus pertinente, car elle sera impuissante à ressusciter l’envie d’Europe qui s’est éteinte chez la plupart de ses peuples.
Pour la rallumer, il faut changer la méthode. Une Europe des projets doit remplacer l’Europe bureaucratique et uniformatrice actuelle. Ces projets devront être clairs et servir les intérêts des différents peuples de l’Europe. Il reviendra à chacun des pays de l’Union de choisir de participer ou non à ces projets. Les dirigeants nationaux ne pourront plus se réfugier derrière l’alibi de règles imposées. Ils devront au contraire prendre leur responsabilité et expliquer à leurs citoyens pourquoi ils décident de rejoindre les différents projets ou, au contraire, de s’en exclure. Des règles de sortie de chacun des projets devront également être fixées pour éviter que la défaillance éventuelle d’un Etat participant conduise à de nouveaux psychodrames
La résolution de la crise grecque et la refondation de l’Union sont indispensables. Elles sont aussi urgentes. Il en va de l’avenir et même de la survie de l’Europe !
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