Acculé, le Premier ministre a tenté hier une manœuvre de diversion en annonçant une « remise à plat » du système fiscal. La manœuvre est habile, mais elle illustre toutes les faiblesses du pouvoir actuel.
Dans un grand élan schizophrène, Jean-Marc Ayrault justifie son annonce de réforme par la complexité et l’illisibilité du système fiscal qu’il continue à accroître chaque jour… L’annonce permanente de taxes nouvelles et d’exemptions catégorielles est la première cause de la complexité que le Premier ministre dénonce !
Le Premier ministre joue ensuite la montre en fixant la refonte fiscale à 2015. Mais cette manœuvre de retardement ne fait que renforcer l’incertitude fiscale. Elle alimente inutilement l’anxiété et l’attentisme des Français.
Le chef du gouvernement manque également de franchise : comment affirmer qu’une remise à plat de la fiscalité se fera à prélèvements obligatoires constants ? Toute la complexité d’une refonte fiscale est le transfert de prélèvements, donc de richesse, qu’elle induit inévitablement. La réaliser à prélèvements constants relève donc de la gageure et même de la mission impossible. Jean-Marc Ayrault le sait parfaitement, mais il le cache aux Français.
Sur la méthode enfin, la démarche annoncée par le Premier ministre est caricaturale des dysfonctionnements de la présidence Hollande. Après avoir érigé la non réforme des retraites en modèle, Jean-Marc Ayrault propose de donner le premier rôle aux partenaires sociaux, puis de confier au gouvernement la charge d’en tirer des propositions soumises à la ratification du Parlement ! Les impôts ne sont pas les cotisations retraite… C’est au Parlement que revient le pouvoir souverain de décider de l’imposition des citoyens. Et c’est au gouvernement, sous notre Vème République, d’assumer
la responsabilité des choix de politique fiscale.
En transférant l’initiative fiscale des parlementaires aux partenaires sociaux, le Premier ministre tente de leur passer la patate chaude. Il délégitime un peu plus nos institutions et, avec elles, l’ensemble du pouvoir politique.
La vraie réforme qu’attendent les Français, c’est la remise à plat des dépenses publiques pour permettre enfin la baisse des prélèvements obligatoires. De ce point de vue, le Premier ministre a tout faux. Affirmer que la refonte fiscale se fera à prélèvements constants, c’est nous annoncer qu’ils ne baisseront pas, en contradiction avec toutes les promesses gouvernementales.
Ce n’est ni en se dérobant, ni en se défaussant que le pouvoir retrouvera la confiance des Français. Comme le montre la magnifique performance de l’équipe de France hier soir, il n’y a pas de victoire sans audace. Le sursaut impose clarté, vision et responsabilité. Nous en sommes loin !
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