Le discours anti-FN entonné depuis quelques jours par Manuel Valls est aussi cynique qu’hypocrite.
Voilà trois ans que le pouvoir fait ses meilleurs efforts pour renforcer le vote FN – comme il l’avait déjà fait sous Mitterrand – pour affaiblir l’opposition et tenter de conserver le pouvoir. Le Premier ministre sait parfaitement que cette stratégie de diabolisation ne sert à rien. Elle ne détournera pas du FN tous ceux qui veulent sanctionner les échecs de la classe politique dans son ensemble. Elle devrait même galvaniser tous ceux qui souhaitent un vote sanction clair et sans appel.
L’objectif du Premier ministre est double : limiter le succès de l’opposition d’abord, le diluer ensuite. Car le pouvoir pourra revendiquer une partie de la victoire des candidats de droite qu’il aura appelé à soutenir au second tour…
Cette soi-disant croisade est dangereuse. En utilisant le vocabulaire manichéen, violent et outrancier de ceux qu’il prétend combattre, Manuel Valls légitime le discours FN.
Et il pousse même le bouchon plus loin en revendiquant « la stigmatisation de Marine Le Pen ». Stigmatiser la présidente du Front national, c’est stigmatiser ses électeurs, donc plus de 25% de l’électorat. Et stigmatiser, c’est exclure et diviser, alors que la France a plus que jamais besoin de retrouver son unité comme l’ont montré les événements de janvier.
Seuls la cohérence, l’action et les résultats sur les terrains du chômage, de la sécurité ou de la fiscalité pour ne citer qu’eux permettraient au Premier ministre de convaincre les électeurs de se détourner du FN. Mais Manuel Valls préfère la facilité du discours, de l’émotion et de l’immobilisme.
En agissant ainsi, le Premier ministre montre de nouveau qu’il n’est qu’un homme de pouvoir et de parti. Pour défendre les intérêts du PS, il joue contre ceux de la France. C’est une faute grave.
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