Le non clair du peuple grec au plan européen pour la Grèce montre, si besoin était, la nécessité de refonder l’Europe.
La proposition de réponse formulée ce matin par Emmanuel Macron n’est pas pertinente, même si elle est pleine de bonnes intentions. Déclarer à l’avance que, quel que soit le résultat du référendum, la Grèce pourra rester au sein de la zone euro ne peut qu’alimenter le sentiment populaire d’une Europe bureaucratique et anti-démocratique qui s’assoit sur le vote des peuples.
L’Europe, telle qu’elle a été construite jusqu’à présent, est morte ce soir. Pour la première fois de son histoire, le peuple d’un de ses Etats-membres a exprimé, dans un vote souverain, le refus des règles communes sans vouloir pour autant sortir de l’Union, ni de la zone euro. Mais d’autres peuples, allemands en tête, demandent maintenant l’exclusion de la Grèce de la zone euro. Au soir du 5 juillet, l’Europe est déchirée, l’Europe est fracturée, l’Europe est écartelée.
Si nous voulons donner un avenir à l’Union, il est urgent de la refonder. Ce n’est pas en ressuscitant la vielle idée de l’Europe des cercles que nous parviendrons, mais en transformant en profondeur sa gouvernance et son rapport avec les peuples des nations qui la composent. Le gouvernement traditionnel de l’Europe par, d’une part, un conseil de dirigeants nationaux responsables devant leurs seuls électeurs et, d’autre part, une administration européenne responsable devant personne, ne fonctionne pas.
S’agissant par exemple de la zone euro, il faut, plutôt que de « sauter sur sa chaise comme un cabri » en appelant à une convergence dépendante du bon vouloir des dirigeants de chacun des pays de la zone, prévoir la suspension automatique de tout Etat, quelle que soit sa puissance ou sa taille, qui ne respecterait pas les critères définis en commun. Une parité ajustable par rapport à l’euro serait alors instituée permettant à ce pays de préparer son éventuel retour, tout en déterminant souverainement sa politique économique en assumant la parité qui en découle.
Mais l’avenir de l’Union ne peut se résumer aux progrès de la zone euro. Pour retrouver l’adhésion des peuples, l’Union doit aussi leur proposer de nouveaux projets susceptibles de rassembler tous ses pays membres qui le souhaitent sur la base d’un principe d’adhésion et de règles communes impératives. Tout Etat qui voudrait ensuite s’y soustraire s’exclurait du projet concerné jusqu’au moment où il les respecterait de nouveau. Une Europe de la santé et une Europe du savoir pourraient ainsi voir le jour pour le plus grand bénéfice des peuples des pays de l’Union et sans que personne ne puisse se comporter en passager clandestin !
Dans les circonstances actuelles, il n’est plus possible de se contenter de vaines parole. Il faut agir avec rapidité, efficacité et audace. L’Europe est condamnée à sortir par le haut de la crise grecque ou à périr !
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