Après l’Assemblée nationale mardi, le Sénat a accepté aujourd’hui de renouveler une nouvelle fois l’état d’urgence pour le prolonger jusqu’au 15 juillet 2017. La France aura donc été placée sous état d’urgence pendant 20 mois au moins ! Cela représente la plus longue période depuis la guerre d’Algérie, époque à laquelle le général de Gaulle se faisait reprocher par François Mitterrand et la gauche des penchants dictatoriaux !

Il est urgent de sortir de l’urgence ! Comme l’a écrit Conseil d’Etat dès le 2 février 2016, « l’état d’urgence est un état de crise qui ne peut être renouvelé indéfiniment ». C’est un état d’exception qui doit le rester.

L’argument selon lequel 17 projets attentats auraient été déjoués depuis janvier 2016 n’est pas pertinent : plusieurs projets du même type avaient également été évités avant l’établissement de l’état d’urgence. Il fait partie du fonctionnement habituel de nos services de sécurité de prévenir les projets d’attentats. Quant à l’argument selon lequel la persistance de la menace terroriste justifierait le maintien de l’état d’urgence, il n’est pas plus convaincant. Cette menace est susceptible de durer longtemps !

Face à une menace durable, le devoir du gouvernement est de tirer les leçons de l’expérience des attentats des deux dernières années et de tous les éléments intervenus au cours de cette période pour modifier notre droit permanent et permettre une action efficace des services de renseignement et de police dans les respect de nos principes fondamentaux.

Il ne s’agit pas seulement de retranscrire dans la loi courante les mesures de l’état d’urgence permettant une articulation efficace des services de renseignement, de police et de justice pour lutter contre la menace terroriste. Il faut aussi tirer les enseignements de l’ensemble des dysfonctionnements constatés, qui ont par exemple rendu possible le massacre de Nice, et mettre en place les réponses adaptées.

Nous devons également nous doter des moyens humains nécessaires à la protection et à la sécurité des Français en dehors des facilités de l’état d’urgence. Les contraintes de mobilisation et de disponibilité qu’il impose aux personnels de sécurité et de défense ne peuvent être maintenues sur la durée. Il faut au contraire recruter les personnels, militaires, policiers, ainsi que tous les services associés, nécessaires pour soulager des hommes et des femmes au bord de l’épuisement.

Il faut enfin s’assurer que le nouveau dispositif mis en place est compatible avec le bon fonctionnement de la justice et la pleine application du principe de séparation des pouvoirs, garant de notre démocratie et de nos libertés fondamentales.

Loin d’être un signe de force, la nouvelle prolongation de l’état d’urgence est une manifestation de faiblesse. Elle est symptomatique d’un pouvoir et d’une classe politique incapables de gérer les problèmes autrement que dans l’urgence. Cette fuite en avant ne mène nulle part.

Pour assurer le succès de notre pays, nous devons au contraire apporter des solutions de long terme aux défis de notre époque. C’est à ce prix que nous gagnerons la bataille contre le terrorisme islamiste et que nous offrirons à la France une nouvelle ère de prospérité, de paix et de liberté. L’avenir ne se construit pas dans l’urgence !

lfm_2016