Face à la crise d’AIr France, le Premier ministre et le ministre de l’Economie ont appelé les pilotes « à la responsabilité ». Cela ne suffit pas !

La compagnie nationale est maintenant dans une situation d’urgence. Les causes de ses difficultés sont multiples. Elle souffre depuis de trop longues années d’une insuffisance managériale et de relations sociales délétères. Sa gouvernance, à commencer par l’Etat, ne joue pas son rôle. Et les pouvoirs publics ont, plus largement, une lourde responsabilité dans la situation d’Air France puisqu’ils ont pris, depuis trop longtemps, l’habitude de soutenir les partisans de l’immobilisme par crainte des retombées médiatiques d’un éventuel conflit social.

Mais la première cause de la crise actuelle tient à la concurrence déloyale qu’exercent les compagnies du Golfe sur le transporteur national. Elles bénéficient, tant au niveau des coûts de carburant que de personnel, d’avantages structurels que nous devons rééquilibrer si nous voulons permettre à Air France de prendre un nouvel envol.

La position de première destination touristique mondiale de la France ou l’atout que représentent la plate-forme aéroportuaire de Roissy et d’autres aéroports régionaux lui offrent un potentiel immense de développement. Mais nous devons recréer les conditions d’une concurrence durable pour lui permette d’en profiter.

Le gouvernement doit pour cela faire bénéficier la compagnie d’un régime d’exemption de charges lui permettant de lutter à armes égales avec ses concurrentes moyen-orientales. Il ne s’agit pas de créer une situation de rente qui, à terme, ne ferait que retarder la disparition de notre transporteur national. Il ne s’agit pas non plus de le placer dans une situation favorable par rapport à ses homologues européens qui doivent pouvoir bénéficier du même dispositif. Mais il s’agit de rétablir les conditions d’une véritable concurrence entre Air France et ses principaux compétiteurs.

C’est l’intérêt de tous les Français et de tous les européens qui continueront ainsi à bénéficier des effets favorables d’une pleine concurrence et de la présence durable d’acteurs enracinés sur le sol européen.

C’est aussi l’intérêt de la France. Au delà du symbole, notre compagnie continue à assurer des missions de rapatriement, de transport et d’autre nature encore, dont l’exécution prioritaire serait menacée si le lien national était distendu. Elle contribue aussi à l’effort d’aménagement du territoire en bonne intelligence avec les pouvoirs publics. Elle participe plus largement de notre souveraineté.

Il est temps d’agir. Pour Air France, comme pour le pays tout entier, l’immobilisme, le manque d’ambition et le défaitisme ne peuvent conduire qu’à l’échec et au déclin. C’est pour cela que nous ne devons ni abandonner Air France, ni nous résoudre à son rétrécissement. Car Air France, c’est la France !

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