Emmanuel Macron a annoncé jeudi la fin de la taxe d’habitation. Contrairement à ce qu’a déclaré le président de la République, elle n’est pas un impôt imbécile comme l’était l’ISF et comme le reste son successeur, le nouvel IFI. Elle répond au contraire au besoin de financer les services publics municipaux, dont chaque citoyen bénéficie sur son lieu de résidence, en le taxant localement et en fixant sa contribution en fonction de sa capacité contributive, estimée par la taille de son logement.

Le principal défaut de cet impôt était qu’il était calculé sur la base de valeurs locatives qui n’avaient pas été révisées depuis les années 70, les gouvernements qui se sont succédé au cours des 50 dernières années ayant eu peur des transferts de charge et des mécontentements que la révision des bases locatives était susceptible d’entraîner. La bonne politique eut été de procéder enfin à cette révision, en étalant ses effets sur la période nécessaire.

En supprimant la taxe d’habitation pour 80% des foyers d’abord, puis 100% ensuite, afin de satisfaire une promesse de campagne, le chef de l’Etat commet une double erreur.

Il entretient d’abord les Français dans l’idée du tout gratuit. Or, les services publics ont un coût, qu’il revient à tous les citoyens d’assumer à proportion de leurs facultés comme le rappelle la Déclaration de l’homme et du citoyen. Faute d’assumer cette réalité, on développe au sein de la population l’idée fausse qu’il est possible de bénéficier de services publics de qualité sans qu’ils ne leur coûtent rien. On connaît la suite. C’est ce qui s’est passé avec l’éducation nationale avec les conséquences que nous connaissons : l’appauvrissement d’abord, puis la dégradation accélérée ensuite.

Il vassalise ensuite les communes en les rendant totalement dépendantes de l’Etat. C’était le rêve de la plupart des bureaucrates de Bercy : Emmanuel Macron l’a réalisé ! Les conséquences sont claires. L’Etat va faire pression demain pour que les communes réalisent les efforts que les administrations centrales refusent. Les bases qui fonderont les dotations de 2018 vont mal vieillir et entretenir des rentes de situation au sein des municipalités. Surtout, il n’y aura plus d’incitation demain pour un maire à bien gérer sa commune ou sa ville. Une fois encore, l’égalitarisme déresponsabilisant va sévir au détriment de tous les Français.

Contrairement à ce que pensent trop de technocrates, tout ne doit pas dépendre de l’Etat. Il est paradoxal pour l’exécutif actuel de promouvoir la subsidiarité pour le dialogue social en entreprise tout en pratiquant un centralisme forcené pour les administrations publiques et les collectivités territoriales.

La suppression de la taxe d’habitation est une profonde erreur. Les Français constateront dans 10, 15 our 20 ans qu’elle a eu des conséquences redoutables, comme d’autres mesures électoralistes telle que la suppression du service militaire ou l’acceptation du communautarisme en leurs temps, et qu’elle a profondément endommagé notre vie locale, ainsi que l’administration de nos cités. Mais il sera trop tard !

Dans l’intérêt de la France et des Français, il est encore temps de faire machine arrière et de mettre en œuvre l’indispensable réforme des valeurs locatives. L’exécutif doit par ailleurs s’attaquer sans plus tarder aux couches inutiles du millefeuille et supprimer les départements nonobstant ses intérêts en faisant passer ses intérêts électoraux au second plan. C’est maintenant qu’il faut agir !

lfm_2016