Le bureau de l’Assemblée nationale a adopté mercredi 24 janvier une mesure interdisant le port de signes religieux ostensibles. Cet arrêté correspond à une vision dévoyée de la laïcité. C’est au surplus une mesure hypocrite.
Dans la conception française des libertés publiques et selon les principes qui fondent notre droit, la laïcité ne s’oppose pas à l’expression des religions. Si la croyance personnelle de François de Rugy est que la foi est « une affaire privée qui n’a de valeur qui si elle le demeure », il s’agit de sa propre religion qu’il n’a pas à imposer aux autres parlementaires, ni à ses concitoyens.
La Constitution de 1958 est claire. République laïque, la France « respecte toutes les croyances » « et organise la séparation des religions et de l’État ». Elle n’impose pas de religion et n’en interdit aucune. Elle respecte les opinions et les religions de tous ceux qui vivent sur son territoire.
Si le président et le bureau de l’Assemblée nationale considèrent qu’un député portant un discret signe religieux porte atteinte à la neutralité de l’Etat, ils devaient en toute logique interdire l’expression de toute opinion politique qui porte tout autant préjudice à la neutralité de l’Etat… Ce serait la fin de notre République et de notre démocratie. C’est démontrer l’absurdité de la mesure qui vient d’être adoptée.
Elle est de plus hypocrite. La majorité en place s’est singularisée par son silence sur la question de la laïcité. Le président de la République a pris prétexte de la mort de Johnny pour se dérober à sa prise de position annoncée sur le sujet, qui n’a jamais été reprogrammées… Et les silences gênés des principaux responsables de l’exécutif et du législatif lors de polémique automnale entre Edwy Plenel et Manuel Valls ont confirmé que le pouvoir préférait éviter cette question sensible, concernant plus particulièrement l’Islam en France.
Vouloir faire disparaître toute présence religieuse à l’Assemblée, où l’ensemble des participants ont les qualités et capacités nécessaires pour échapper à tout asservissement ou toute tentative d’asservissement religieux, mas se garder d’agir sur le terrain, par lâcheté ou clientélisme, face aux atteintes graves et répétées à la laïcité, c’est continuer sur le chemin sur lequel la France s’est malencontreusement engagée il y a plus de 35 ans et qui nous a conduit dans l’impasse où nous nous trouvons aujourd’hui.
Aujourd’hui, l’enjeu n’est pas de faire sortir la foi de l’Assemblée, mais d’éradiquer le radicalisme et l’obscurantisme islamiste dans les banlieues !
Avec François de Rugy et le bureau de l’Assemblée, la France n’est pas de retour. Elle poursuit au contraire une descente accélérée. Au delà des effets de manches et de marteaux, il est urgent d’agir pour affirmer une vision claire, libre et responsable de la laïcité et assurer fermement son respect partout sur le territoire et pas seulement dans les salons dorés des palais nationaux !