Les propos du maire de Roquebrune sur les Roms sont condamnables, comme l’étaient la couverture de Minute et les propos de l’adolescentes comparant la Garde des Sceaux à un singe. Nous les condamnons à nouveau sans réserve, ni nuance.
Mais la lutte contre le racisme n’est crédible et efficace que si elle est cohérente et non partisane.
Le racisme est inacceptable de la part de tous les citoyens. Il l’est encore plus de la part des élus de la République et des membres de l’exécutif. De ce point de vue, la responsabilité de Manuel Valls est particulièrement grave. En décidant le 24 septembre de stigmatiser publiquement la collectivité des Roms, en les désignant comme des « populations qui ont des modes de vie extrêmement différents des nôtres et qui sont évidemment en confrontation » et en affirmant ainsi un véritable racisme d’Etat, le ministre de l’Intérieur a, par calcul politique, libéré la parole publique et ouvert la porte aux pires des débordements. La double volonté de taire ses échecs en matière de sécurité et de favoriser la progression électorale du FN ne justifie pas tout.
Bien sûr, il faut reconnaître sans fausse pudeur que des bandes de délinquants parfaitement connues des services de police sévissent au sein de la communauté des Roms. Mais faire porter l’opprobre sur l’ensemble de leur population, c’est recourir aux méthodes des pires des régimes que nous avons connus.
L’absence de condamnation présidentielle et gouvernementale des propos de Manuel Valls est d’autant plus inacceptable. S’ils avaient été cohérents, nos responsables auraient dû s’associer à la plainte déposée par le MRAP le 12 novembre, contre Manuel Valls, pour provocation à la haine, la violence et la discrimination raciste.
En accréditant le sentiment qu’il y a deux poids, deux mesures, l’indignation sélective et l’instrumentalisation partisane n’ont qu’un effet : renforcer le racisme. La reconnaissance de l’égalité de droits est un préalable à la lutte contre le racisme. Cette dernière ne se divise pas.
Si le président et le gouvernement veulent mettre un terme au défoulement raciste inauguré par le ministre de l’Intérieur, il est temps qu’ils condamnent enfin ses propos inacceptables et en tirent toutes les conséquences.
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