Le gouvernement a annoncé le lancement du débat sur la réforme des retraites à l’occasion de la remise du rapport Moreau vendredi dernier. Jamais un Premier ministre n’avait pris autant de précautions pour se protéger : dix jours de fuites organisées, un rapport tronqué qui évite les sujets qui fâchent, en particulier concernant les régimes spéciaux, et un tout petit article d’un cinquième de page dans Le Monde datée du lendemain.
On aimerait suivre le Premier ministre : « Je veux une concertation dense, construite, sincère. Puis, en septembre, mon gouvernement décidera. (…) Je serai le garant de la bonne marche de la concertation : je ne cesserai de rappeler chacun des acteurs à l’idée que nous réussirons cette réforme en nous unissant, plutôt qu’en nous divisant. Je m’opposerai à ce que cette réforme soit l’occasion de ligner des catégories contre d’autres. » Mais comment le croire après l’épisode du
mariage homosexuel ? Il y aurait donc deux poids, deux mesures !
La plume du Premier ministre ne reflète que l’incapacité du gouvernement à assumer la réforme. Elle exprime sa faiblesse. Les partenaires sociaux l’ont bien compris. Déjà, les syndicats les plus conservateurs annoncent une mobilisation massive pour faire reculer un gouvernement apeuré.
« Le souci de la continuité doit prendre en compte la recherche de l’équilibre financier au long cours »… D’égalité, il n’est plus question, mais le gouvernement érige la continuité au rang de principe fondateur : on ne saurait mieux définir l’immobilisme !
Les sondages le montrent pourtant. Les Français sont prêts à accepter la réforme des retraites si que deux principes soient respectés : égalité et efficacité :
– Egalité. Il est temps d’harmoniser les prestations de l’ensemble des régimes et de les fondre dans un régime unique, salariés des secteurs publics et privés, indépendants compris, confondus. Le traitement du sujet des régimes spéciaux sera emblématique. L’éviter reviendrait à priver la réforme de toute légitimité.
– Efficacité. La nouvelle réforme doit être pérenne. Depuis 20 ans, nous avons déjà connu trois demi-réformes. Toutes se sont révélées insuffisantes, avec toujours les mêmes blocages, les mêmes grèves et la même exaspération. La France ne peut plus se permettre une crise sociale sur le sujet tous les six ans. Nous devons régler le problème pour les 20 ou 30 prochaines années au moins. Pourquoi ne pourrions-nous pas – comme les Suédois – prévoir une fois pour toutes un allongement automatique de la durée de cotisation en cas d’allongement de l’espérance de vie ?
Les Français sont bien plus lucides et mûrs que ne veut le dire le pouvoir. Mais ils ont besoin que leurs dirigeants montrent l’exemple. La tactique du rapport ne fonctionne plus. Les Français réclament un gouvernement courageux !
Laisser un commentaire