Contrairement aux déclarations du chef de l’Etat et de tous ceux qui ont été mandatés par l’Elysée pour délivrer les mêmes éléments de langage, l’affaire Benalla n’est pas une tempête dans un verre d’eau. Elle a au contraire révélé des dysfonctionnements majeurs au sein du système mis en place par le président Macron.

L’affaire Benalla est le symbole et le syndrome d’un pouvoir présidentiel qui se croit au-dessus des lois. Les règles de droit n’ont été respectées ni par Alexandre Benalla, ni par l’ensemble de ses supérieurs au sein du cabinet de l’Elysée, qui n’ont jamais voulus’opposer  favori du droit. En s’affranchissant des règles communes, ceux qui devraient servir la République ont porté atteinte à la protection des libertés publiques et au bon fonctionnement de la police et, plus largement, de l’administration.

L’affaire Benalla témoigne aussi d’un phénomène de cour, dont l’affaire de La Rotonde avait été un premier révélateur. Il y a, au sein de la macronie, différents cercles de courtisans et de favoris, qui se répartissent privilèges, passe-droits, voitures, appartements de fonction et autres avantages, dans la parfaite continuité de ce qui s’est fait sous Hollande et trop de ses prédécesseurs. C’est d’autant plus inacceptable que le président Macron s’est présenté comme le pourfendeur des rentes et des privilèges, à commencer par ceux des notaires et des agents de la SNCF. Il n’y a pourtant rien de comparable entre leurs modestes avantages et ceux immenses offerts par le pouvoir au garde du corps du chef de l’Etat.

L’affaire Benalla s’est enfin accompagnée, comme l’affaire Cahuzac sous Hollande, d’une avalanche de mensonges de la part des ministres ou des plus proches collaborateurs du président de la République pour tenter de dissimuler, puis justifier l’inacceptable. Quant aux relais d’Emmanuel Macron au Parlement, au sein du parti présidentiel et dans les autres cercles du pouvoir, ils ont adopté une langue de bois, qui n’a rien à envier à celle qu’avaient développée les plus vieux partis de l’ère précédente.

L’affaire Benalla est donc grave et doit s’accompagner de changements profonds au sein du pouvoir actuel et de l’ensemble de la majorité. C’est ce que demandent les Français qui sont plus de 80% à condamner les actes commis. Notre peuple a eu honte du président de la République, comme ils avaient eu honte de l’affaire Léonarda ou de celle du scooter pendant le précédent quinquennat.

Avec 32% de confiance seulement, la présidence Macron se trouve désormais entravée, comme l’a montré l’interruption de l’examen de la réforme constitutionnelle par le Parlement. Sa suspension s’imposait. Le pouvoir n’avait plus aucune légitimité pour défendre un texte annonçant une République exemplaires, alors que ses actes vont dans le sens contraire.

L’affaire Benalla doit retentir comme un signal d’alarme auprès de tous les Français. Il y a d’autant plus urgence à s’opposer à toute nouvelle dérive présidentielle proposée par le chef de l’Etat actuel, comme le pouvoir de répondre aux parlementaires réunis en Congrès, qu’Emmanuel Macron et son équipe ne possèdent pas l’éthique nécessaire pour éviter les abus. Nous devons défendre une stricte séparation des pouvoirs dans l’intérêt de la France et des libertés de tous ses citoyens.

Notre nation mérite mieux qu’un régime contre-exemplaire. Il  y a urgence, pour le président de la République, à redresser la barre et à respecter ses engagements vis-à-vis des Français !

lfm_2016