Après les lâches attaques du 13 novembre, l’unité nationale est un devoir. Notre pays est attaqué. Nous devons tous être réunis pour le défendre.
Cela n’implique pas pour autant d’accepter, ni d’approuver toutes les mesures présentées par François Hollande. C’est même un devoir de s’opposer à celles d’entre-elles qui apparaissent contraires aux intérêts de la nation. La règle de la baïonnette intelligente n’impose-t-elle pas aux militaires comme aux fonctionnaires de désobéir aux ordres manifestement illégaux.
Rien ne justifie la révision constitutionnelle des articles 16 et 36 annoncée par le chef de l’Etat. Les opérations et le renforcement des dispositifs de sécurité en cours montrent qu’il n’y a nul besoin de recourir à ces règles d’exception pour faire le nécessaire. Toutes les mesures qui auraient dû être mises en œuvre depuis janvier dernier auraient pu être adoptées dans le cadre du fonctionnement régulier des pouvoirs publics.
Les pleins pouvoirs et l’état d’urgence sont et doivent rester des régimes d’exception. Les élargir ou les banaliser constituerait une menace pour la démocratie. Et il est sain, pour notre République, que la prolongation de l’état d’urgence au-delà de 12 jours soit soumise à l’autorisation du Parlement.
Tout démontre que, derrière ce projet de réforme constitutionnelle, le chef de l’exécutif a pour principal objectif de piéger l’opposition en l’obligeant à le voter ou à apparaître comme traître à la nation. Une fois encore, François Hollande se comporte en tacticien politique au lieu d’agir, comme le souhaitent les Français, en homme d’Etat.
L’approche est la même concernant les finances publiques. En déclarant que « le pacte de sécurité l’emporte sur le pacte de stabilité », le président ne fait que mettre à profit les circonstances pour se délier d’un engagement qu’il se savait incapable de tenir.
Bien entendu, le pacte de sécurité ne doit pas être considéré comme un dogme absolu. Nous devons garder notre pleine souveraineté pour assurer notre indépendance et notre liberté. Pour autant, le combat que la France mène aujourd’hui contre le terrorisme ne justifie aucune remise en cause durable du pacte de stabilité. Du temps sera nécessaire pour recruter les personnels militaires et de police compétents nécessaires. Ce délai est suffisant pour procéder à toutes les réductions de dépenses publiques équivalentes dans le budget de l’Etat et des autres collectivités. Ce n’est qu’une question de volonté et de responsabilité.
S’asseoir aujourd’hui sur le pacte de stabilité, c’est aller contre les intérêts de la France. Des déficits budgétaires accrus vont encore gonfler la dette publique nationale, ce qui menacera demain notre indépendance et l’avenir de notre jeunesse. En soustrayant sine die la France aux contraintes du pacte de stabilité, le chef de l’Etat menace également l’euro et le futur de l’Europe. Comment pourrons-nous demain imposer à d’autres pays, notamment les plus fragiles, des règles que nous foulons aux pieds ?
Dans les circonstances actuelles, seuls doivent compter l’intérêt de la France et la sécurité des Français. L’heure n’est pas aux jeux politiques, ni aux petites manoeuvres partisanes, mais à l’action pour le pays. Répondre aux périls actuels par une réforme constitutionnelle, même sur l’état d’urgence, c’est se tromper de combat et de priorité. La seule urgence pour le président, c’est aujourd’hui d’agir.
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