Où est passée la France ? Dans notre monde en pleine transformation, où les défis sont multiples et les menaces pour la paix sérieuses, on cherche en vain sa voix !
Ce n’est pas la lettre à Vladimir Poutine d’hier, cosignée avec Angela Merkel, qui change la donne. Elle est terriblement tardive et constitue un réel aveu d’impuissance.
Crise syrienne, expansionnisme chinois, situation coréenne, le président et son gouvernement semblent avoir déserté le terrain de la grande diplomatie et s’être résignés à jouer les seconds rôles.
L’absence de véritable ministre des affaires étrangères n’aide pas. Si la Vème République octroie une claire prééminence au chef de l’Etat pour déterminer et conduire les relations internationales de la nation, elle suppose l’action d’un ministre des affaires étrangères de plein exercice, servant utilement la politique ainsi définie et les intérêts de la France.
Tous les grands présidents ont su, depuis 1958, s’appuyer sur des grands serviteurs fidèles et efficaces. Ce n’est pas le cas aujourd’hui, avec un ministre transparent, résigné à laisser la politique internationale du pays dans les seules mains du chef de l’exécutif et de ses conseillers élyséens.
Emmanuel Macron a cru qu’il lui suffirait de quelques photos et de manier les symboles pour s’imposer sur la scène internationale. Mais Gala ou Point de Vue ne sont pas les meilleurs manuels de de diplomatie et nous ne sommes plus au temps du Roi Soleil !
Si les rencontres avec Poutine à Versailles ou Donald Trump sur les Champs-Élysées ont été l’occasion de belles images, elles n’ont eu aucun impact sur les politiques menées par les dirigeants américain et russe. Elles n’ont pas non plus permis à la France de renforcer son influence, ni de jouer un rôle plus décisif dans la gouvernance du monde ! Il est manifeste aujourd’hui qu’elles n’ont servi à rien.
En matière diplomatique, le verticalisme jupitérien ne fonctionne pas. Les moyens limités de la France ne lui permettent pas de jouer de sa seule autorité pour imposer son point de vue et faire prévaloir ses solutions. Il convient donc, pour être efficace, d’être capable de dépasser son ego et de convaincre nos partenaires de rallier nos positions.
La France doit retrouver sans attendre sa place et un rôle essentiel dans le concert des nations. Les relations internationales sont aujourd’hui minées par la rivalité ouverte pour le leadership mondial entre des États-Unis déclinants et une Chine en pleine ascension.
Accélérant les évolutions commencées à la fin des années 1980, la crise financière de 2008 / 2009 a entraîné l’abandon de la coopération internationale au profit de stratégies de dérégulation compétitive, et de guerres commerciales et monétaires. Dans cet environnement, les institutions et les règles multilatérales sont à la peine, quand elles ne se désintègrent pas…
Ce monde nouveau a besoin de la France et de sa voix libre, exigeante et pacificatrice. Il impose une vision et des objectifs clairs, à mille lieux du en même temps ! Cela suppose aussi de jouer à la fois de la capacité d’entraînement national et de la force du collectif en dépassant l’égotisme du pouvoir personnel.
Mais rien ne sera possible sans rétablissement des comptes publics et de notre commerce extérieur. Car l’influence et le leadership, en matière internationale, sont indissociables de la puissance. C’est pour cela que la transformation de l’Etat et le redressement de la situation financière de la nation doivent devenir une véritable priorité.
Pour Emmanuel Macron, il y a urgence à corriger le tir et à agir. Après le piteux quinquennat Hollande, la France ne peut pas se permettre de perdre, sans dommage, cinq années de plus !