La nomination de Jean-Claude Juncker à la présidence de la Commission européenne est une erreur.
L’Europe souffre depuis 15 ans d’un terrible manque de vision, de projet et de leadership. Jean-Claude Juncker n’est pas l’homme de la situation.
Ses qualités et ses convictions européennes ne sont pas en cause. Mais l’histoire de Jean-Paul Juncker, après vingt ans passés à la tête du Luxembourg et dans les arcanes du pouvoir européen, se confond avec les échecs européens des deux dernières décennies. Il ne peut pas incarner le renouveau et l’avenir de l’Union européenne.
Au surplus, la défaite cinglante que constitue l’élection de Jean-Claude Juncker pour James Cameron ouvre une crise inutile avec la Grande-Bretagne à ce point critique de l’histoire de l’Europe.
La responsabilité de François Hollande dans ce fiasco est grande. Il a préféré pousser Martin Schultz, le candidat socialiste, pour des raisons partisanes, contre les intérêts de la France et contre toute rationalité, plutôt que de soutenir la candidature de Michel Barnier, qui était notre meilleur candidat. En réclamant aujourd’hui « une vice-présidence », le chef de l’Etat démontre qu’il n’a rien compris au fonctionnement de l’Union. Les titres y sont beaucoup moins importants que les domaines d’intervention…
Le mode de nomination au poste de président de la Commission doit aussi être changé. La nouvelle procédure de désignation du chef de file du parti arrivé en tête aux élections au Parlement européen est déjà décrédibilisée. Son principal défaut est de donner un semblant d’onction démocratique à une nomination, qui ne résulte en fait que d’une négociation d’appareils. Les électeurs des pays de l’Union n’avaient aucune conscience qu’ils élisaient Jean-Claude Juncker en votant pour les différents partis qui composent le groupe PPE au Parlement européen… Sa désignation nourrit les critiques de tous ceux qui ont choisi le vote protestataire.
L’Europe ne peut se construire à partir de demi mensonges et de faux-semblants. Il faut arrêter de biaiser. Pour désigner le président de la Commission, deux solutions sont possibles :
– le retour à la nomination par les membres du Conseil qui a au moins le mérite de placer ceux-ci face à leurs responsabilités ;
– l’élection au suffrage universel.
Il n’y aura pas de grande Europe si elle n’a pas de grands dirigeants. Il suffit d’évoquer les noms de Monnet, de Schuman ou de Delors pour démontrer que le rôle des hommes a été clef dans la construction européenne. A l’inverse, on a vu les conséquences de 10 ans de présidence Barroso.
En nommant Jean-Claude Juncker à la présidence de la Commission européenne, les dirigeants des Etats de l’Union viennent de prendre une lourde responsabilité devant l’histoire.
Formons néanmoins le vœu que M. Juncker et la future commission nous surprennent et qu’ils connaissent le plus grand succès. C’est l’intérêt de la France, celui de l’Europe et celui de tous les Français.
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