Les Françaises et les Français doivent s’opposer à la proposition de loi Le Roux-Urvoas que le Parlement a votée aujourd’hui.

Elle n’a d’autre but que de soumettre un peu plus notre démocratie au pouvoir des partis en imposant la publicité immédiate de l’ensemble des parrainages pour les candidats à l’élection présidentielle, ainsi que la substitution d’un principe flou d’équité du temps de parole entre les candidats à la règle d’égalité actuelle pour la période qui courre entre la publication de la liste des candidats et la campagne officielle.

Il deviendra encore plus facile aux grands appareils partisans d’empêcher, dès le début du processus électoral, les élus locaux de soutenir des candidats indépendants en les menaçant de les priver d’investiture aux prochaines élections. Ces mêmes apparatchiks s’efforceront ensuite de bâillonner les candidats, qui auront réussi à franchir les barrières, en limitant leur temps de parole pendant le temps de la campagne, comme la loi en donne désormais le pouvoir au Conseil Supérieur de l’Audiovisuel.

La notion d’équité laisse d’ailleurs beaucoup de place à l’arbitraire du CSA, dont les conditions de nomination de membres ne garantissent pas la neutralité et dont l’annulation de plusieurs décisions récentes montre qu’il est tout sauf infaillible…

Rien ne justifie le vote de la proposition de loi Le Roux – Urvoas. La crise de notre démocratie n’a rien à voir avec le nombre de candidats à l’élection présidentielle. Elle est celle d’un système qui a sombré dans le régime des partis sous le double effet de la professionnalisation et de la fonctionnarisation de la vie politique.

Les grands partis actuels sont discrédités. Moins d’un français sur 10 leur fait confiance et la farce des primaires des Républicains montre, après le naufrage du quinquennat Hollande, que ces partis sont devenus incapables de faire émerger et légitimer les responsables dont la France a besoin.

Ce n’est pas en barricadant le système qu’on donnera un nouveau souffle à notre démocratie et qu’on permettra à la France de repartir de l’avant. Il faut au contraire ouvrir grand ses portes à des responsables qui n’en sont pas issus et adopter de nouvelles règles mettant fin à la professionnalisation de la vue politique en limitant, par exemple, à deux au total le nombre de mandats politiques qu’un élu peut exercer dans le temps.

Le vote de la proposition de loi Le Roux-Urvoas représente un contresens historique. Elle n’est de toute façon qu’un coup d’épée dans l’eau. Au-delà des manœuvres d’un pouvoir à la dérive, le peuple de France ne se laissera pas bâillonner !

lfm_2016