Le ministre de l’économie et des finances a déclaré mercredi lors du conseil des ministres que toutes les enquêtes de conjoncture – Insee, Banque de France, Institut Markit – témoignaient d’un « raffermissement graduel de l’économie française ». Qui peut le croire alors que chacun voit dans son quotidien la situation de notre pays se dégrader ? Economiquement, le monde va mieux, mais la France continue elle de s’enfoncer. La veille de la déclaration de Pierre Moscovici, l’OCDE avait annoncé qu’aucune inflexion positive n’était perceptible en France, au contraire du reste de la zone euro, et le jour même, l’Insee annonçait que la production industrielle avait rechuté en France en mai ! Ce n’est pas faire preuve de volontarisme ou d’optimisme que de mentir aux Français.  C’est au mieux de l’inconscience et au pire de la manipulation, avec un même résultat : la défiance.

Cette pratique de Pierre Moscovici ne lui est pas propre. Elle est même généralisée au sein du pouvoir qui en a fait une politique. Comme Jérôme Cahuzac lui-même l’a souligné,  François Hollande n’a pas arrêté de mentir depuis un an sur l’état de la France !

Et cela continue. Mardi dernier, le Premier ministre a donné beaucoup de pompe à son annonce d’un programme d’investissements d’avenir doté de 12 milliards d’euros sur 10 ans. 12 milliards sur 10 ans, c’est 1,2 milliard par an et seulement 1/1000^ème des dépenses publiques françaises annuelles qui se sont élevées à 1 151 milliards en 2012 ! Du fait de son incapacité à maîtriser ses déficits et de sa dette, notre pays n’est plus capable de consacrer qu’un millième de ses dépenses publiques annuelles à la préparation de l’avenir et à l’innovation, les 99,999% étant consacrés au présent. Quel acteur autre que notre machine étatique actuelle se permettrait d’être aussi peu prévoyant ?

C’est mentir aux Français que de leur déclarer qu’un tel niveau de sous-investissement permet de préparer le futur. Soyons économes des deniers publics, mais concentrons nos efforts sur les dépenses de fonctionnement et augmentons au contraire la part des investissements. Il faut oser le dire aux Français, le plan d’investissement présenté par Jean-Marc Ayrault est ridicule. Il illustre une terrible vérité : nos finances publiques sont exsangues et ne nous permettent plus de préparer l’avenir.

Contrairement à ce que pense le pouvoir, ce n’est pas la vérité, mais le mensonge qui est anxiogène. La parole vide est une parole inutile. Comme le montrent les faibles scores d’audience des interventions du chef de l’Etat, ses mots n’impriment plus. C’est parce que les Français n’ont pas confiance qu’ils limitent leurs dépenses de consommation, stoppent leurs investissements et se réfugient dans un attentisme ravageur. Il faut redonner du contenu à la parole présidentielle et à la parole politique si nous voulons que notre pays se redresse.

Cessons donc de tromper les Français et de nous tromper nous-mêmes. Agissons et reconquérons rapidement les moyens nous permettant de préparer l’avenir et d’assurer notre liberté.