Commencé sous le signe des fausses promesses, le quinquennat Hollande se termine sous le signe des fausses vérités et des vrais mensonges.

Comme le confirme le Haut Conseil des Finances Publiques, le projet de budget présenté ce matin n’est ni sincère, ni responsable. Selon les propres mots du Haut Conseil, il repose sur une prévision de croissance « optimiste». Il intègre des économies « irréalistes » qui rendent « improbables » les réductions du déficit public et « incertain » son retour sous le seuil de 3% du PIB.

Plus grave encore, le choix gouvernemental de remplacer des baisses d’impôts par des crédits d’impôts pour financer des dépenses supplémentaires en  2017 « conduit à reporter sur 2018 l’impact de ces baisses de recettes  » et  « fragilise la trajectoire de finances publiques à compter de 2018 ».

Non content d’avoir manqué, et de très loin, à son engagement de retour à l’équilibre budgétaire avant la fin de son quinquennat, dans un contexte de baisse des taux et de croissance mondiale extrêmement favorable, François Hollande obère aujourd’hui l’avenir national en faisant régler par son successeur et l’ensemble des Français la note des dépenses clientélistes qu’il a engagées à tour de bras au cours des derniers mois !

L’annonce hier, par Manuel Valls, d’un rallonge d’une milliard d’euros de l’enveloppe de prêts de «haut de bilan» pour les organismes de logements sociaux à l’occasion du congrès HLM de Nantes, montre que la fête n’est pas finie…

Comme l’a confirmé lundi la forte rechute du chômage en septembre, il y a pourtant urgence à mener une politique budgétaire responsable assurant la compétitivité de notre appareil économique et préparant l’avenir de la France.

Les chiffres publiés ce matin par le Forum économique mondial sont clairs. Ce qui plombe aujourd’hui la compétitivité nationale, c’est le poids de sa dette, et sa fiscalité, défavorable aux investissements, pour lesquelles nous nous classons 124ème des 138 pays étudiés ! Sans ces faiblesses, la France serait au rang des meilleurs !

Ainsi que l’illustre la situation allemande, seule la maîtrise budgétaire assure la souveraineté nationale et garantit les baisses d’impôt futures. La perspective de la remontée des taux d’intérêts comme le risque d’un enlisement de la croissance rendent le changement encore plus indispensable.

Nous devons sortir de l’approche « après moi le déluge », qui gouverne les dirigeants français depuis trop longtemps. Les promesses ne suffisant plus, je propose des mesures fortes pour assurer la sincérité budgétaire et la responsabilisation des gouvernants :

  1. La prévision budgétaire du gouvernement ne reposera plus sur une hypothèse de croissance arbitrairement choisie par le gouvernement, mais sur une prévision de croissance réaliste calculée sur la base d’une moyenne des prévisions de l’INSEE, de la BCE, de l’OCDE et du FMI, ainsi que dix établissements prévisionnistes indépendants et internationalement reconnus ;
  2. Le projet de budget sera calculé en intégrant « pro forma » l’ensemble des dépenses en année pleine engagées à date par le gouvernement, quelle que soit leur date de prise d’effet. Le projet de budget fondé sur les seules dépenses effectives pour l’année à venir ne sera publié qu’ensuite ;
  3. Le président de la République et son gouvernement ne pourront, dans les 18 mois précédant la fin du mandat présidentiel, décider de nouvelles dépenses engageant les finances publiques futures, au-delà d’un montant global de 500 millions d’euros, qu’après engagement de la responsabilité du gouvernement devant la représentation nationale afin d’éviter les dérives clientélistes auxquelles nous assistons à la fin de chaque quinquennat.

Il est temps de sortir de l’âge de pierre ! Nous ne devons plus accepter cette sale habitude que le dernier projet de budget d’une mandature soit mensonger et irresponsable. C’est notre responsabilité aujourd’hui de changer les règles pour que la France retrouve les moyens de la souveraineté, de la croissance et de l’emploi et mette ses finances publiques au service de l’avenir.

lfm_2016