Les partenaires sociaux viennent d’entamer la négociation interprofessionnelle sur la formation professionnelle. Le risque est grand qu’ils se contentent, comme en 2004 et en 2009, d’une réforme en trompe l’œil, sans intérêt, ni effet.
Le document d’orientation des négociations publié par le ministre du Travail peut faire craindre le pire. Vouloir recentrer l’effort de formation sur les jeunes, les travailleurs peu qualifiés, les salariés de TPE et les chômeurs, c’est se tromper de cible. Le but principal de la formation professionnelle n’est pas d’accompagner le chômage, mais de le prévenir.
La formation doit cesser d’être un instrument de traitement social du chômage et de financement du monde syndical pour retrouver sa vocation : alors que les carrières s’allongent et que le progrès technologique continue de s’accélérer, il est essentiel d’assurer l’employabilité de la population active tout au long de la vie professionnelle. C’est un impératif social et un investissement stratégique, puisque la formation des actifs est un déterminant clef de la compétitivité de l’économie française.
Dans cette perspective, il faut transformer le droit à la formation en obligation de formation pour l’employé lui-même. Trop de salariés n’utilisent pas leur droit à la formation compte-tenu de priorités professionnelles immédiates ou de manque de temps et d’envie.
Nous devons aussi évaluer avec rigueur et sans complaisance les formations et les organismes qui les dispensent. Trop d’entre eux ont failli. Entreprises et salariés doivent reprendre les rênes des formations en s’assurant de leur qualité, avec le soutien des pouvoirs publics.
Il faut enfin supprimer toutes les dépenses improductives pour les concentrer sur la seule formation. De ce point de vue, nous devons un fixer un ratio rigoureux de frais administratifs pour tout organisme de formation et sanctionner (décertification ou déremboursement) ceux qui le dépasseraient. Il conviendra aussi d’assurer une actualisation régulière de ce ratio dans un objectif d’optimisation permanente des coûts de gestion au bénéfice des dépenses véritables de formation.
Propositions R2F
1) rendre la formation obligatoire pour tous les salariés, comme l’est l’école, afin de garantir l’exercice réel du droit à la formation ;
2) assurer une évaluation régulière et rigoureuse des formations et des organismes qui les dispensent ;
3) fixer des ratios stricts de frais administratifs pour les organismes de formation et sanctionner tout dépassement.
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