L’utilisation de gaz toxiques en Syrie est inacceptable. Elle peut justifier une intervention. Encore faut-il avoir des buts de guerre clairs et une solution politique crédible pour la suite.
L’interview de François Hollande dans le Monde daté de samedi et la confusion actuelle démontrent que nous n’avons ni l’un, ni l’autre. Notre priorité doit être de les clarifier et de définir notre plan d’action en conséquence.
Agir pour punir n’a pas de sens en politique internationale : nous ne sommes pas dans une cour de récréation et l’histoire a montré les risques qu’il y a à humilier un peuple ou ses dirigeants. Quel est le sens d’une action militaire qui ne vise pas à renverser le régime du président Assad ? Affirmer comme le fait François Hollande que « c’est la riposte qui imposera une solution politique » est aussi naïf que dangereux.
Nous sommes maintenant allés trop loin pour ne rien faire. Nous achèverions de nous ridiculiser et décrédibiliser. Mais la précipitation des présidents américains et français et l’étalage de nos tergiversations n’a pour l’instant fait qu’un gagnant : Bachar el-Assad. Comme le démontre la confusion actuelle, l’action diplomatique, et encore plus militaire, ne peuvent se construire sous le feu des projecteurs.
Depuis le début de cette affaire, François Hollande donne la piteuse impression de vouloir précipiter l’engagement militaire et jouer les chefs de guerre pour tenter de se présidentialiser et de corriger son image de velléitaire. Tous les moyens seraient bons pour y parvenir, y compris le sacrifice de notre indépendance et de notre rôle spécifique dans la région !
La guerre est une chose trop sérieuse pour être instrumentalisée à des fins politiciennes. De ce point de vue, la question du vote du Parlement Français n’est pas le bon enjeu. Notre constitution donne au président de la République le pouvoir pour engager nos forces sans l’aval du Parlement. Plutôt que de nous préoccuper de la forme, concentrons-nous sur le fond.
Il y a urgence à élaborer notre stratégie et notre tactique. 10 jours après le massacre chimique, nous ne sommes plus à quelques jours près et devons en tout état de cause attendre les conclusions du rapport
des experts de l’ONU. Mettons à profit les jours qui nous en séparent ainsi que du vote du Parlement américain pour penser enfin notre action en Syrie.
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