L’accord sur la formation professionnelle du week-end dernier a été salué par François Hollande et par Jean-Marc Ayrault comme un progrès « majeur ». Il ne mérite pas cet excès d’honneur.
Le texte présente deux avancées claires : la portabilité des droits à formation, qui pourront être utilisés tout au long de la vie professionnelle nonobstant les changements d’employeurs et, sous réserve de confirmation, le principe de clarification du financement de la formation d’une part et des organisations patronales et syndicales d’autre part.
L’accès des chômeurs à la formation professionnelle ne constitue en revanche pas l’avancée célébrée par le chef de l’Etat et son Premier ministre.
La formation professionnelle ne peut pas être la béquille du traitement social du chômage. Elle a pour but d’assurer l’employabilité des actifs pendant toute leur carrière et de leur éviter l’obsolescence des savoirs et des connaissances. Quand le chômage intervient, il est souvent trop tard. Et différentes études démontrent le caractère négatif de la formation sur la reprise d’emploi, puisqu’elle renforce les exigences des candidats.
Si la formation professionnelle ne peut remplacer une politique structurée et efficace de lutte contre le chômage, elle peut utilement contribuer à le prévenir en assurant la compétitivité et l’employabilité des actifs.
L’un des problèmes essentiels de la formation professionnelle est que les salaries l’utilisent trop peu. La loi n’apporte aucun progrès réel en la matière. En particulier, la substitution d’un compte au droit individuel à la formation ne changera pas grand-chose.
Pour devenir un droit réel, la formation professionnelle doit devenir une obligation pour les salariés, comme elle l’est déjà pour les entreprises. Nous proposons une demi-heure de formation hebdomadaire, qui pourrait naturellement faire l’objet de regroupement en modules. Une telle réforme suppose aussi d’assouplir les règles de formation dont une partie plus importante pourrait être internalisée dans les entreprises sous forme de compagnonnage.
Jules Ferry avait institué l’école obligatoire, progressivement étendue à tous les jeunes de moins de 16 ans. Inspirons-nous de son exemple et rendons la formation obligatoire. Tous les salariés et la société tout entière en seront bénéficiaires. C’est la condition d’une formation professionnelle véritablement pour tous.
Proposition R2F
Obligation – pour les entreprises comme pour les salariés – de 30mn de formation professionnelle pour tous les salariés afin d’assurer leur employabilité tout au long de leur carrière et de lutter efficacement contre le risque de chômage
Laisser un commentaire