Le record d’abstention de dimanche le démontre. Avec plus 51% de non-votants, notre démocratie est en voie d’épuisement.

Cette situation exceptionnelle a pour conséquence paradoxale d’offrir au nouveau président de la République la majorité la plus écrasante en sièges, alors qu’il a obtenu, de tous ces prédécesseurs sous la Ve République, le plus faible résultat, en voix, aux élections législatives suivant la présidentielle. Le résultat est malsain. Le risque est là que le parti présidentiel détienne 75% des sièges avec seulement 15% des voix des inscrits et qu’il représente, avec Les Républicains, plus de 95% des députés. C’est une menace pour notre démocratie. Cela signifie aussi que la rue sera le premier terrain d’action pour l’opposition, alors qu’elle devrait d’abord intervenir au Parlement.

Les racines de cette crise démocratique sont profondes. Il est vain d’invoquer le beau temps, l’heure de fermeture des bureaux de vote ou la multiplicité du nombre de candidats. Emmanuel Macron a réussi à déconstruire le vieux système des partis en place, ou plutôt à surfer sur son écroulement, mais pas plus. Le champ de ruines est là. Reste maintenant à reconstruire.

Cela se fera en jouant sur trois tableaux.

Nous devons d’abord reconstruire de nouveaux partis, forts et crédibles, susceptibles de représenter l’ensemble des citoyens dans la diversité de leurs opinions, dans le respect des valeurs qui fondent notre nation et dans une même volonté de servir son succès et son avenir. Cela suppose de changer de fond en comble les structures actuelles et de favoriser un profond renouvellement de leurs représentants. Dans cette perspective, la limitation à deux du nombre de mandats pour tout élu de la République sera la meilleure façon d’assurer la rotation des responsabilités et l’implication du plus grand nombre.

Il faut ensuite mettre à jour nos institutions. La crise actuelle est aussi le résultat de la réforme inconséquente et inachevée du quinquennat. Pour mettre un terme à ce dysfonctionnement structurel, deux options sont possibles : soit organiser les élections législatives le même jour que l’élection présidentielle, pour éviter le syndrome majoritaire que nous venons de vivre, soit renouer avec la vision fondatrice de la dissociation des durées des mandats présidentiel et parlementaires. Dans ce deuxième scénario, le passage à un sexennat présidentiel de 6 ans et à un mandat de député de 4 ans serait la meilleure solution.

Il convient enfin de mettre en place de nouveaux mécanismes permettant aux citoyens de se réapproprier leur démocratie en utilisant toutes les possibilités offertes par la révolution digitale. De nombreuses options sont possibles. Elles devront faire l’objet d’un vaste débat avec l’objectif d’une mise en œuvre dans un délai maximum d’un an.

Il y a en effet le feu à la maison démocratie. A nous d’agir sans attendre, non seulement en pompiers, mais surtout en véritable refondateurs qui reste le meilleur protecteur de notre liberté et de notre souveraineté nationale.

lfm_2016