La nouvelle affaire Trierweiler est affligeante. Vengeance d’une femme humiliée, la parution de son brûlot anti Hollande est pathétique dans ce qu’il révèle de leurs relations. Elle est révoltante dans le mépris qu’elle exprime du bien public et de l’intérêt supérieur de la France. Elle est grave parce qu’elle affaiblit encore un chef de l’Etat qui n’avait pas besoin de ce nouvel abaissement.
Mais ce nouveau scandale n’éclate pas par hasard. Il est la conséquence de la double faute de François Hollande qui a placé son quinquennat sous le sceau d’une fausse normalité et du mensonge.
En affirmant vouloir transformer le président de la République en un « homme normal », François Hollande a commis une erreur fondatrice. Le chef de l’Etat n’est pas, tant qu’il exerce cette fonction, un citoyen normal. Il est au contraire celui que ses concitoyens élisent pour jouer le rôle exceptionnel de chef. Prétendre le contraire, c’est s’obliger à jouer une comédie hypocrite. La quête artificielle de banalisation de la fonction présidentielle a conduit François Hollande à faire voter par sa majorité en juillet 2013 la suppression du délit d’offense au chef de l’Etat, qui datait de 1881. C’était dépouiller la fonction suprême d’un bouclier utile qui servait à protéger le président. Son maintien aurait sans doute amené Mme Trierweiler et son éditeur à mieux réfléchir avant de publier son roman d’alcôve.
À vouloir banaliser la fonction présidentielle, François Hollande et sa majorité n’ont donc réussi qu’à abaisser son titulaire.
La seconde faute de François Hollande est d’avoir marqué son quinquennat du sceau indélébile du mensonge : mensonges politiques – sur les promesses, sur la situation de la France, sur l’affaire Cahuzac, sur l’inversion de la courbe du chômage, sur le retour de la croissance ou sur la restauration des comptes publics – pour être élu et gérer ensuite les déceptions des électeurs et mensonge sur sa vie familiale. Ces mensonges l’ont rattrapé et ont fait perdre toute crédibilité à la parole publique.
L’affaire Trierweiler 2 démontre aussi que la pipolisation de la vie politique est une impasse. Elle conduit les responsables politiques à placer leur popularité et leur image au dessus de l’intérêt du pays. Elle les amène à Instrumentaliser les moyens de la République au service de leur vie privée et de celle de leurs proches. Pourtant, les hommes et les femmes politiques n’ont pas vocation à être des stars, ni à adopter leurs modes de vie. Ils sont et doivent rester au service et au seul service de leurs pays et de rien d’autre.
Le plus frappant dans cette sordide affaire est ce qu’il y manque : le sens du service, celui du l’honneur et le devoir d’exemplarité. Ces valeurs fondamentales doivent redevenir les principes de conduite des responsables publics et, plus particulièrement encore, du chef de l’Etat et de son conjoint. C’est ce qu’attendent les Français. C’est ce que leurs doivent leurs élus au plus hautes fonctions et ceux qui les entourent.
Certains voudraient profiter du naufrage de la présidence Hollande pour affaiblir encore la fonction du chef de l’Etat et revenir à la IVème République. Le délitement auquel nous assistons démontre au contraire la pertinence de la conception gaullienne de la Vème République et la nécessité de revenir à une pratique exigeante pour échapper au régime des partis qui nous menace.
Cela impose des changements fondamentaux dans les pratiques actuelles et sans doute même le passage à une Vème République refondée, modernisée et épurée, une véritable VIème République permettant à la France de vaincre avec succès les défis du XXIème siècle.
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