La situation ouverte par l’échec des négociations menées depuis février entre l’Union et la Grèce et par le référendum de dimanche dernier ne fait que des perdants.
Le succès référendaire du Premier ministre grec est une victoire à la Pyrrhus. Si Alexis Tsipras a vu sa légitimité populaire confortée, celle-ci ne lui sert à rien face à des partenaires qui ne sont plus prêts à véritablement négocier.
Leur situation n’est pas plus enviable. La cacophonie actuelle et le nouveau délai accordé hier à la Grèce par les autres dirigeants européens montrent l’impasse dans laquelle ils se trouvent aussi.
Contrairement aux discours populistes de la plupart d’entre-eux, l’ensemble des autres peuples d’Europe aura de toute façon à supporter les conséquences financières de la déroute grecque. C’est la logique et la conséquence d’une union monétaire. Le Grexit coûtera cher et il représente un saut dans l’inconnu dont personne ne peut prédire aujourd’hui avec certitude les conséquences. L’exacerbation actuelle des tensions entre les peuples est une première manifestation des effets dévastateurs d’une dislocation de l’Union.
C’est parce que les dirigeants des pays de l’eurozone refusent d’assumer un discours de vérité auprès de leurs opinions publiques nationales que nous sommes aujourd’hui en plein chaos. Le drame de l’Europe est que tous ses soi-disant leaders actuels préfèrent pratiquer la démagogie et partagent un même esprit de défausse.
Voilà plusieurs mois que les responsables allemands et de la majorité des pays de l’eurozone cherchent à pousser la Grèce à s’auto-exclure de l’eurozone sans vouloir assumer la responsabilité d’un Grexit. Et la position ambivalente du président français, animé par le seul souci de la gestion de sa majorité interne, n’a pu que pousser le Premier ministre grec à une tactique de négociation suicidaire.
L’organisation d’un débat aujourd’hui à l’Assemblée nationale est une nouvelle illustration de cette incapacité de nos dirigeants à assumer leur responsabilité. A quoi sert-il, alors que les nouvelles propositions grecques sont attendues pour demain et qu’Alexis Tsipras est en train de s’exprimer devant le Parlement européen, sinon à permettre à l’exécutif de tenter le partager la charge d’un fardeau trop lourd pour lui ?
L’urgence n’est pas à débattre. Elle devrait être, pour François Hollande, à mettre au point, avec Angela Merkel et Alexis Tsipras, un plan négocié permettant à chacun de sortir la tête haute en recalibrant et rééchelonnant la dette grecque, définissant un programme et un calendrier clairs de réformes structurelles et établissant une nouvelle gouvernance, intégrant des règles de suspension provisoire, pour la zone euro.
Mais nos dirigeants préfèrent encore attendre et assister impuissants à l’enchaînement implacable des événements. Il est tragique de les voir mener aussi clairement l’Union et tous les pays qui la composent dans le mur. Ne rien faire, c’est se condamner à subir et à échouer.
Il n’y aura pas de Grexit heureux !
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