Monsieur le président de la République,

Lors du débat du 2 mai 2012 avec Nicolas Sarkozy, vous avez répondu par une longue tirade désormais célèbre « Moi président de la République » à Laurence Ferrari qui vous interrogeait « Quel président comptez-vous être ? ». Un an jour par jour après cette déclaration, voyons ce qu’il est advenu des engagements pris ce soir-là.

Vous président de la République, les Français ne sont ni respectés, ni considérés comme l’ont démontré votre mépris pour les centaines de milliers de manifestants qui ont défilé contre le mariage pour tous et votre tentative de minimiser leur mobilisation.

Vous président de la République, nous sommes passés du « président de tout, chef de tout et responsable de rien » que vous dénonciez au président du rien, chef de rien, mais toujours responsable de rien.

Vous président de la République, la majorité n’a plus ni chef, ni tête, mais vous avez repris les habitudes de votre prédécesseur en recevant à l’Elysée les parlementaires de la majorité.

Vous président de la République, le Premier ministre n’est plus traité de collaborateur, mais il est allègrement piétiné par les ministres comme par vous-même et il ne reçoit jamais votre soutien lorsqu’il est attaqué par les membres du gouvernement ou de la majorité.

Vous président de la République, vous ne nommez plus directement les directeurs des chaînes de télévision publique, mais vous leur dictez leur politique par ministre interposé.

Vous président de la République, vous prônez l’exemplarité de comportement, mais vous vous refusez à sanctionner les dérapages de vos ministres et des barons de la majorité, Ségolène Royal, Claude Bartolone ou Arnaud Montebourg en tête.

Vous président de la République, la France se trouve affublé – sous l’alibi de la parité – d’un gouvernement aussi pléthorique qu’inefficace.

Vous président de la République, vous vous présentez comme le chantre du code de déontologie et de la lutte contre les conflits d’intérêts, mais vous avez, avec l’affaire Cahuzac,

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fait subir à la République l’un de ses pires scandales en maintenant en poste le plus longtemps possible un ministre menteur et fraudeur.

Vous président de la République, les ministres n’ont officiellement pas le droit de cumuler leur fonction avec un mandat local, mais vous tolérez qu’ils continuent à s’occuper activement de leur circonscription électorale et qu’ils ne consacrent qu’une part très limitée de leur temps à leur tâche ministérielle.

Vous président de la République, les partenaires sociaux sont alternativement utilisés ou ignorés en fonction de votre intérêt et de ceux de votre majorité.

Vous président de la République, les Français se sont vus refuser le grand débat qu’ils demandaient sur le mariage homosexuel et n’ont eu de débat ni sur l’énergie, ni sur aucun autre grand sujet, contrairement à ce que vous leur aviez annoncé.

Vous président de la République, vous n’avez démontré ni hauteur de vue, ni proximité avec les Français.

Vous président de la République, on attend toujours l’acte de décentralisation promis et la réforme du mode de scrutin pour « que l’ensemble des sensibilités politiques soient représentées ».

C’est vrai, vous président de la République, vous n’avez pas participé, du moins pour l’instant, à des collectes de fonds pour votre propre parti, vous avez laissé fonctionner la justice de manière indépendante et vous venez de lancer la réforme du statut pénal du chef de l’Etat, comme vous vous y étiez engagé.

C’est déjà cela, mais c’est si peu. Pendant ce temps, la France a franchi le cap des 3,2 millions de chômeurs, a manqué ses objectifs budgétaires et est entrée en récession. La présidence normale que vous prôniez est devenue la présidence médiocre. Elle menace de dégénérer en présidence néfaste. Loin d’être le président « à la hauteur, proche du peuple, capable de le comprendre », que vous prétendiez être, vous êtes devenu, en moins d’un an, le président le plus impopulaire de la Vème République, qui a perdu la confiance des Français et a fait perdre à la France celle de l’Europe comme celle du monde.

Les Français le jugent : vous n’êtes pas à la hauteur. Comment sortir de cette terrible impasse. Deux solutions sont possibles : vous surpasser ou vous démettre. La France ne pourra pas supporter quatre année de présidence telle que celle vous venez de lui faire vivre. Vous êtes maintenant face à votre responsabilité historique. C’est l’avenir de la France qui est en jeu.

Monsieur François Hollande, il est temps de devenir président.

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