Le 7 mai 2017, Emmanuel Macron remportait les élections présidentielles.

100 jours plus tard, le compte n’y est pas. Même s’il n’était pas leur premier choix, une majorité des Français, dont moi, souhaitaient profondément, après l’avoir élu, que le nouveau président réussisse dans l’intérêt de la France, de notre peuple, ainsi que de l’Europe.

Force est de constater que le chef de l’Etat a raté ses 100 jours, dont il avait pourtant théorisé le caractère déterminant pour l’ensemble de son quinquennat.

Le bilan est maigre.

Sur le plan gouvernemental et législatif, il se limite à des projets d’ordonnances travail, dont les dernières statistiques de création d’emplois montrent l’effet secondaire par rapport à celui d’une baisse des prélèvements obligatoires, ainsi qu’à une loi de moralisation de la vie publique, dont les quelques avancées sont délégitimées par le maintien à leur poste de Richard Ferrand ou de ministres impliqués dans des affaires.

Le renouveau des pratiques politiques n’est pas plus convaincant. Au-delà des déclarations, c’est à une hypercentralisation technocratique du gouvernement et à une caporalisation de la majorité présidentielle sous le seul contrôle des services de l’Elysée auxquelles nous assistons. Elles ne participent ni du progrès de notre vie démocratique, ni de son efficacité comme en témoignent les nombreux bugs qui ont affecté la vie de l’Assemblée nationale depuis les élections de juin.

Sur le plan international, le départ de François Hollande a certes permis à notre pays de retrouver un peu du crédit que l’ancien président lui avait fait perdre. Mais, 100 jours après l’élection, l’espoir a aussi cédé la place au doute et à la déception chez nos partenaires et amis. Car, il n’y a eu aucun progrès, au delà des belles images de Vladimir Poutine à Versailles et de Donald Trump sur les Champs-Elysées, sur le rôle international de la France ou sur notre approche de la politique européenne. Le monde aurait aimé entendre la voix de la France dans la récente crise entre la Corée du Nord et les Etats-Unis. Et nos partenaires européens attendaient mieux que des initiatives solitaires du nouveau chef de l’Etat français vis-à-vis de la Russie ou de notre allié américain.

C’est le fond du problème. Si Emmanuel Macron a déjà perdu la confiance de la grande majorité des Français, c’est parce qu’il manque deux éléments fondamentaux à sa présidence : une volonté de servir la nation, et non seulement sa propre image, et une vision claire pour notre pays. C’est d’autant plus grave que le président de la République ne dispose plus, avec 36% de confiance, soit le taux le plus bas pour un nouveau président trois mois après son élection, du soutien populaire nécessaire à la mise en œuvre des réformes indispensables qu’il n’a pas encore commencées.

Le chef de l’Etat a pu constater, dans ses fonctions de conseiller économique, puis de ministre de François Hollande entre 2012 et 2016, la paralysie et la dévaluation de la parole présidentielle, auxquelles conduit le mécontentement populaire.

Il est urgent, dans ces conditions et compte-tenu des défis auxquels la France est confrontée, de redresser la barre. Les Français attendent du président (i) qu’il renonce à sa pratique égotiste du pouvoir, manifestée de façon criante par le limogeage du général de Villiers, pour lui substituer celle d’un véritable chef d’équipe au service de notre nation et (ii) qu’il se décide à préférer le fond à l’image et mette sans délai en œuvre les réformes structurelles dont notre pays a besoin, à commencer par la transformation de l’Etat, le rétablissement de ses fonctions régaliennes, le redressement de notre système d’éducation et de formation ou la transition énergétique.

C’est maintenant à Emmanuel Macron de prendre ses responsabilités et d’agir pour que le reste du quinquennat ne soit pas à l’image du gâchis des 100 premiers jours, mais qu’il serve au contraire la grandeur et l’avenir de la France.

Francois Vigne

Président de la France en marche

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