Les chiffres du commerce extérieur publiés cette semaine confirment l’urgence d’agir. Après une nouvelle dégradation à 4,7 milliards d’euros en juin, notre déficit atteint 34,3 milliards d’euros au premier semestre, contre 23 milliards l’an dernier !

Ce n’est pas, comme on le fait depuis plus de 30 ans pour justifier nos contre-performances, en invoquant la reprise de la croissance ou la hausse de la facture pétrolière, d’un effet de 2,2 milliards d’euros seulement, que nous apporterons une solution à cette faiblesse majeure de notre économie. L’Allemagne, qui n’a pas plus de pétrole que nous et enregistre une meilleure croissance, a affiché au même moment un excédent de 21,2 milliards d’euros en juin et de 121,2 milliards d’euros au premier semestre ! Et d’autres pays européens, comme l’Espagne et les Pays-Bas, font aussi beaucoup mieux que nous…

Notre manque de compétitivité et le mauvais positionnement de notre appareil industriel n’ont de structurel que le manque de volonté et l’immobilisme de nos dirigeants. Ils ont une cause principale : le poids excessifs de nos coûts publics et la masse de prélèvements qui va avec. Supporter 57% de dépenses publiques et 9 points de plus que la moyenne de nos concurrents signifie que près de 3/5ème de la richesse nationale est absorbée par le secteur public qui n’exporte pas, alors même qu’il importe aussi !

Pour mettre un terme à la dégradation du solde commercial, qui appauvrit l’ensemble du pays, une triple action s’impose :

1. Mettre en œuvre une politique volontariste et sélective de réduction de la dépense publique et des prélèvements obligatoires.
Il ne s’agit pas de continuer à pratiquer le rabot, comme vient de le faire le gouvernement, mais de remettre à plat l’ensemble des missions et dépenses publiques afin de choisir celles que nous voulons renforcer, à commencer par les moyens de la défense, de la police et de justice, et celles que nous choisissons d’abandonner parce qu’elles sont devenues inutiles et improductives. Ainsi permettrons-nous à la France de se doter de la meilleure administration pour le XXIeme siècle et de réallouer au secteur productif les moyens qui lui font aujourd’hui défaut pour améliorer sa productivité et exporter.

2. Développer une stratégie industrielle nationale et européenne valorisant nos atouts et visant à positionner notre appareil productif sur les activités d’avenir. Plutôt que les coups de com sans lendemain et les faux sauvetages de canards boiteux auxquels le pouvoir exécutif vient encore de céder, il s’agit de nous renforcer offensivement dans toutes les activités de l’économie décarbonée, de l’énergie aux matériaux en passant par les moyens de transport et de mobilité, des nouvelles technologies et du digital, ainsi que de la défense, dans lesquels nous bénéficions déjà de forces importantes qu’il est impératif de consolider et de développer. C’est ainsi que nous pourrons passer d’un déclassement subi à une spécialisation industrielle gagnante et choisie.

3. Renforcer la formation des jeunes, en particulier des moins qualifiés, et de l’ensemble des actifs. Aucun succès durable ne sera possible sans une élévation du niveau de formation de la population active. Nos meilleurs concurrents, y compris anciens émergents, investissent massivement dans la formation de leur main d’œuvre. En laissant se dégrader son système d’éducation et de formation, les gouvernements qui se sont succédé depuis 30 ans ont fait prendre un grand retard à notre pays qu’il est urgent de rattraper.

Il est temps d’agir. L’excédent commercial et le plein-emploi sont à notre portée pour autant que nous le décidions et que nous mettions en œuvre la politique nécessaire pour y parvenir. Il en va de l’avenir de notre pays, de sa place dans le monde et de la richesse de son peuple. Après 36 ans d’abandon, l’heure est venue de faire le choix du succès et de l’ambition !

lfm_2016