Le 29 mars 2017 restera comme un triste jour pour l’Europe. Le Brexit est un échec pour l’Union comme pour la Grande-Bretagne, après 43 ans de vie commune.

Nos partenaires britanniques nous manqueront. S’ils n’ont pas toujours été faciles, ils ont souvent été stimulants et nous ont, sur plusieurs sujets, permis de grandir ensemble. Souhaitons-leur bon vent !

Il convient maintenant de régler au mieux et au plus vite leurs conditions de sortie, sans jamais brader les intérêts de l’Union européenne. La Grande-Bretagne a fait un choix que nous respectons. Il lui revient d’en assumer toutes les conséquences.

Plus fondamentalement, nous devons, sans plus attendre, nous attaquer à la refondation de l’Europe. Rien ou presque ne s’est passé sur ce front depuis le 23 juin 2016, il y a déjà 9 mois. C’est une faute de la part de nos dirigeants !

L’avenir de l’Union européenne sera celui que nous lui donnerons. Il est urgent d’agir si nous ne voulons pas que les mêmes forces dangereuses, qui sont aujourd’hui à l’action en Grande-Bretagne ou aux Etats-Unis, nous ramènent tous en arrière. Ces défis menacent la France et l’Europe. A nous de résoudre les faiblesses de l’Union et de répondre aux frustrations qu’elle a créées pour sortir par le haut de la crise actuelle au bénéfice de toutes ses nations, en commençant par le nôtre. À nous de faire du 29 mars 2017 un nouveau départ pour l’Europe et non le début de la fin !

Cela suppose d’en finir avec les vieux slogans et les idées éculées, d’attaquer de front les problèmes de l’Union et de redonner goût à l’Europe à partir de projets concrets et clairs.

Nous devons d’abord en finir avec les vieux slogans et les idées éculées. Europe fédérale, convergence budgétaire, Europe de la défense : autant de rengaines usées à la corde à force d’avoir été entonnées sans être jamais suivies d’effet ! L’Europe n’a pas besoin d’avoir un objectif fédéral pour avoir un avenir. Nous devons maintenant nous fixer comme projet politique commun de faire de l’Union, dans le respect des souverainetés nationales, le phare de l’humanité en termes de démocratie, de libertés publiques, de sécurité, de prospérité collective, de formation, de santé et d’environnement. Encore faut-il nous donner les moyens de cette ambition !

C’est en décidant de regarder la réalité en face et d’élaborer des solutions efficaces aux difficultés rencontrées que nous donnerons un nouveau souffle à l’Europe. Dans cette perspective, il faut attaquer de front les faiblesses actuelles de l’Union ou de la zone euro et nous fixer un calendrier précis pour les résoudre. L’unification du droit de l’immigration et de l’asile est une priorité, tout comme la protection des frontières communes. Il est également clair que nous ne devons plus retarder, si nous voulons que l’euro soit autre chose qu’un souvenir, le règlement de la crise grecque, ainsi que l’organisation des transferts indispensables entre les pays les plus forts les plus faibles de la zone, dès lors que la discipline commune est respectée. La débureaucratisation de l’Union est tout aussi urgente, en commençant par la réduction du nombre de commissaires pour donner l’exemple.

Sur tous ces sujets, il est essentiel d’avancer vite. Six mois devraient être largement suffisants pour fixer les nouvelles règles et déterminer un calendrier rythmé permettant de constater qu’enfin, les choses avancent !

Nous devons enfin redonner goût à l’Europe, en particulier aux jeunes Européens, par de nouveaux projets mobilisateurs, proche de leurs préoccupations. 72% des jeunes Français plébiscitent l’Union. À nous de nous montrer à la hauteur de leurs attentes et de leurs ambitions.

L’Europe de la santé est un premier objectif : il est temps de mettre en commun toutes nos avancées respectives, au-delà des querelles de chapelles ou de clochers, pour permettre aux européens d’accéder au meilleur système de santé mondial. L’Europe du numérique est une autre priorité pour permettre à nos peuples et  nos économies de profiter du plein potentiel du digital tout en évitant les risques de violation de la vie privée et d’appropriation indue de données personnelles. De même, décider ensemble de mettre en place un programme commun de mathématiques, de sciences physiques ou de sciences naturelles, pour tous les élèves de l’Union permettrait de faciliter les échanges et de développer une véritable Europe de la connaissance, sans remettre en cause les souverainetés nationales.

Après 60 ans d’histoire dont  30 ans d’errance, l’Europe se trouve à un tournant de son histoire. Il nous revient de prouver au monde entier que l’Europe, avec ses valeurs de liberté, d’égalité des chances et de solidarité, peut rivaliser avec la marche en avant du monde et que ses peuples en ont le courage et la volonté. Guidés par nos idéaux qui éclairent le monde et riches de la diversité de nos nations, c’est parce que nous choisirons l’unité que nous serons ensemble plus forts demain !

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