Chers Amis,
Au lendemain de la collision de Millas, je veux d’abord m’associer à la douleur des familles des jeunes victimes et blessés. Pour des parents, c’est une chose terrible que de voir disparaître ou souffrir un enfant. L’approche de Noël rend cette peine encore plus intense. Nous sommes, comme tous les Français, à leurs côtés dans cette dramatique épreuve, nous qui plaçons l’avenir des enfants au cœur de notre projet pour la France.
Cet avenir appartient à ceux qui prennent leur destin en main. Nous en avons aujourd’hui tous les moyens. Encore faut-il nous en saisir ! Pourtant, trop souvent, nos gouvernants préfèrent se dérober ou renoncer, comme viennent une nouvelle fois de le montrer la victoire des autonomistes et nationalistes en Corse, le sommet de la Terre à Paris et le rapport publié de la Cour des comptes sur l’organisation, ou plutôt la désorganisation, des services de l’État dans les territoires.
Après avoir choisi d’abdiquer et de laisser les autonomistes et nationalistes remporter une nette victoire, sous une abstention tout aussi massive de 50% des électeurs, le président de la République et son Premier ministre se sont contentés de refiler le mistigri à leurs alliés du MoDem, en faisant de Jacqueline Gourault, l’une de leurs principaux représentants au gouvernement en tant que sous-ministre de l’Intérieur, Madame Corse. Les difficultés sont pourtant devant nous !
Car le programme des nationalistes prévoit, d’ici à trois ans, d’obtenir une autonomie de plein droit et de plein exercice avec des pouvoirs réglementaires, législatifs et fiscaux pour les institutions insulaires en plus de leurs revendications de co-officialité de la langue corse, de la création d’un statut de résident pour l’accès au foncier et d’une amnistie des condamnés pour crime ou actes terroristes. Ne rien faire nous prépare des lendemains difficiles. C’est sans attendre qu’il faut s’occuper, au plus haut niveau de l’Etat, de l’avenir de la Corse, comme de l’ensemble des territoires de la République.
Le sommet de la terre a, lui, eu droit à tous les honneurs et aux lumières de projecteurs. Mais, au-delà des grandes déclarations et des effets de dramatisation, ce sont les mesures concrètes qui ont manqué. Alors que les entreprises se mobilisent et agissent, l’Etat se contente de discourir et tarde à engager l’indispensable conversion énergétique. Il lui revient pourtant de montrer l’exemple et de placer la France à l’avant-garde de la transition énergétique et de l’économie décarbonnée.
C’est exactement le même constat de carence qu’a fait la Cour des comptes dans son rapport publié lundi. Ses équipes ont mené pendant deux ans un grand audit sur les services de l’Etat dans les territoires. Alors que de plus en plus de démarches administratives sont réalisées directement sur internet, que la carte territoriale a été modifiée et que de nouvelles compétences ont été attribuées aux collectivités, les magistrats constatent que la situation reste extrêmement embrouillée et que les missions ont été ajoutées les unes aux autres sans prendre en compte les effets de la décentralisation.
Au lieu de simplifier et rationaliser, les responsables publics ont maintenu des doublons incohérents et injustifiés avec la double volonté de préserver des implantations dans les anciens chefs-lieux des régions fusionnées et de n’imposer aucune mutation géographique aux agents publics, en raison de la forte réticence des personnels et des syndicats de fonctionnaires, mais également de celle des élus…
C’est cet état d’esprit qu’il faut changer. Il revient aux responsables politiques d’avoir le courage d’engager enfin la transformation de l’Etat et de montrer aux Français qu’elle servira leurs intérêts communs. Le développement du numérique et la dématérialisation de quantité de procédures constituent une opportunité décisive pour redimensionner le réseau territorial de l’Etat dans de bonnes conditions pour les agents publics comme pour les administrations. En modernisant l’Etat, nous pourrons dégager de nouveaux moyens pour investir dans l’éducation des enfants, dans la sécurité de tous, dans la santé et permettre à la France tout entière de prospérer.
Cela suppose aussi, pour nous tous, de comprendre que nous devons lier nos aspirations personnelles, meilleurs emplois, meilleures écoles, meilleurs logements, meilleurs services de santé, aux aspirations plus larges de tous les Français, celles du salarié qui a été licencié, celles de la femme qui se bat pour briser le plafond de verre, celles de l’entrepreneur qui fait tout pour maintenir la compétitivité de son entreprise, celles de l’enseignant qui fait tout pour permettre à ses élèves de progresser et celle de la personne en difficulté qui essaie de nourrir sa famille. Cela suppose en fait que nous agissions envers les autres comme nous voudrions qu’ils agissent envers nous et que nous choisissions ensemble cet intérêt commun qui nous unit les uns aux autres, cette politique du bien commun.
Je voudrais terminer par une histoire, l’histoire de ce jeune Afghan que j’ai rencontré samedi dernier aux Mureaux, où des hommes et des femmes de talent réalisent un travail extraordinaire pour éradiquer le chômage et offrir à la jeunesse de la ville un avenir à la hauteur de ses espoirs.
Ce jeune homme de 24 ans m’a raconté son périple de 13 mois, il y a cinq ans, à pied, en car et en train, de son village natal à notre pays, en passant par l’Iran, la Turquie, l’Italie, l’Allemagne et bien d’autres pays. Aujourd’hui bénéficiaire du droit d’asile, il travaille comme cariste dans une PME de la région, à une heure des Mureaux, et passe l’essentiel de ses loisirs à apprendre le français ou à rendre service dans l’association qui l’a accueilli. S’il a choisi la France plutôt que l’Allemagne, plutôt que l’Italie, ce n’est pas pour vivre d’allocations, mais c’est à cause de ce que notre pays représente, la patrie de la liberté, c’est à cause de son histoire, c’est à cause de la beauté de ses paysages et c’est à cause de l’accueil qui lui a été réservé.
C’est dans cette grande histoire, c’est dans ces territoires aux superbes paysages, c’est dans cette tradition d’accueil, c’est dans cette promesse d’un avenir meilleur que notre union puise sa force. C’est le point de départ de notre nation. C’est aussi la condition de son succès. Ensemble, soyons à la hauteur de cette promesse et offrons à la France l’avenir qu’elle mérite tant.