Edouard Philippe a déclaré le 26 février, pour annoncer la réformer de la SNCF, qu’il était temps d’oser la réforme.
Mais les efforts demandés par l’exécutif aux cheminots ou déjà imposés aux collectivités locales constituent une diversion. La vraie réforme prioritaire, que le président de la République et son gouvernement continuent à retarder, est celle de l’Etat pour deux raisons au moins.
La première est que la part de l’endettement public de la SNCF et de toutes les collectivités locales réunies ne représente que 2,5% et 9% respectivement de la dette publique nationale. La seconde est qu’avec un niveau de prélèvements obligatoires de 47,6% et sa position de lanterne rouge de la zone euro, devant même le Danemark, notre pays n’a plus les moyens d’augmenter le levier fiscal, comme l’a montré le quinquennat Hollande. La seule solution est donc de s’attaquer à la dépense de l’Etat.
Le gouvernement n’en prend pas le chemin en ayant, par exemple, retardé la réforme des retraites et en n’ayant annoncé aucune mesure d’importance pour le budget 2018, ni pour les années suivantes. Il y a pourtant d’autant plus d’urgence à le faire que nous venons d’assister aux prémisses de la remontée des taux d’intérêt. Elle aura, sans action décisive du pouvoir, des conséquences redoutables.
Au surplus, cet Etat investit peu, puisque 70% de l’investissement public repose sur les collectivités territoriales. Et il assure de plus en plus mal ses missions, comme en témoignent chaque jour les problèmes de la police, de la justice, de l’administration pénitentiaire ou de l’armée et comme l’a confirmé le rapport de la Cour des comptes de décembre 2017 sur les services déconcentrés de l’Etat.
Le constat est sévère, mais juste : « Les missions essentielles de l’Etat sont parfois, faute de moyens, difficilement, voire pas du tout, assumées en certains endroits du territoire. Dans le même temps, des ressources continuent d’être affectées à des missions qui ne sont pas ou plus prioritaires, notamment parce qu’elles doublonnent avec des compétences transférées aux collectivités territoriales ».
Des économies sont de fait possibles, contrairement aux dénégations fréquentes des membres du gouvernement sur la difficulté de la tâche. C’est vrai des administrations déconcentrées de l’Etat, qui continuent d’intervenir dans plusieurs champs que le législateur a décentralisés et qui comptent encore 1 309 416 agents. C’est vrai aussi des administrations centrales, de celles de la sécurité sociale et de bien d’autres encore.
Cette transformation est possible. Elles est aussi indispensable. C’est parce que l’Etat se décidera enfin à réaliser les économies nécessaires, qu’il pourra doter les fonctions régaliennes des moyens indispensables à l’accomplissement de leur mission partout en France. C’est à cette même condition qu’il pourra retrouver l’efficace, le dynamisme et la grandeur qui lui font tant défaut aujourd’hui.