Le Parlement vient d’adopter la nouvelle loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025 . Le sacrifice du général de Villiers a contraint le président de la République à consacrer aux armées une partie des moyens qu’elles lui demandaient. La nouvelle loi représente ainsi un effort dans la bonne direction, même s’il reste encore insuffisant pour nous donner les pleins moyens de notre défense et de notre souveraineté.
L’enjeu est maintenant d’assurer le respect des engagements qui viennent d’être pris. Voilà trop d’années que le budget de défense sert de variable d’ajustement pour financer des promesses électorales et des mesures clientélistes en pure perte pour la nation. Nos soldats ont ainsi été privés des ressources financières nécessaires pour assurer leurs missions dans de bonnes conditions et garantir l’autonomie stratégique officiellement proclamée. Faute de moyens, ils ont été contraints d’abandonner des capacités opérationnelles et de retarder le renouvellement de certains matériels ou équipements qui leur manquent aujourd’hui.
La conséquence est claire : la dépendance. Nous sommes ainsi obligés de recourir au soutien américain pour former nos équipages à l’utilisation des drones Reaper d’observation et de renseignement que nous vous acquis auprès de leur pays. Nous devons aussi, eu égard au trop faible nombre de drones que nous possédons, nous reposer sur les renseignements que nos alliés nous fournissent… Les Rafale et Mirage déployés au Tchad et sur l’ensemble de la bande sahélo-saharienne dépendent largement des ravitailleurs américains, du fait du trop faible nombre et de l’indisponibilité de nos vieux C135. Et nous sommes soumis à la décision du pouvoir russe pour assurer le transport de nos troupes au moyen des Antonov 124, étant donné le manque de disponibilité et la trop faible capacité de notre douzaine d’A400M.
Il est clair que cette dépendance, trop souvent masquée, à un prix : la souveraineté limitée. Et ne comptons pas sur l’Europe pour pallier nos faiblesses. Ce n’est pas une Europe fragilisée, dont les nouvelles crises italiennes et espagnoles confirment l’avenir incertain, qui pourra demain développer une quelconque capacité de défense autonome.
La LPM 2019-2025 ne constitue qu’un début et un plancher. Nous ne devrons pas hésiter à renforcer les engagements budgétaires et les moyens mis à la disposition des armées si les menaces extérieures ou intérieures nécessitaient de nouvelles interventions et si le coût de la modernisation de la force nucléaire de dissuasion se révélait supérieur aux prévisions initiales.
C’est ainsi que nous pourrons assurer la défense nationale, premier devoir de l’Etat, et retrouver notre pleine souveraineté nationale !