Chers Amis,

La situation italienne doit nous alerter. Souvenons-nous. C’était il y a quatre ans seulement. Matteo Renzi devenait le plus jeune Premier ministre de la République italienne. Il apportait un vent de jeunesse et de modernité au système politique national. Il se proclamait européen. Quatre ans après, la coalition des extrêmes vient de prendre le pouvoir à Rome sur le fondement d’un programme incompatible avec les principes de l’Union. Comparaison n’est pas raison et la Vème République française n’est pas le système politique italien. Mais les mêmes causes peuvent produire les mêmes effets.

Sachons écouter nos Anciens. La sagesse antique le rappelle. Il n’y a pas loin du Capitole à la roche Tarpéienne. L’exemple transalpin le confirme. Un discours moderniste ne suffit pas à transformer un pays s’il n’emmène pas tout le peuple avec lui. C’est parce que les gouvernants italiens sont restés sourds à sa colère montante et ont refusé de comprendre son exaspération face à son appauvrissement et à l’incapacité du pouvoir à régler la question des migrants que nous en sommes là aujourd’hui.

Les enjeux français et italiens sont pour partie communs, pour partie différents. Comme l’a rappelé la Cour des comptes mercredi, la vraie priorité pour notre pays est de s’attaquer à la transformation de l’Etat et à la réduction de la dépense publique. Cette baisse est possible, comme le montre l’exemple de tous nos voisins. C’est parce que nous la réussirons que nous pourrons dégager les moyens nécessaires pour donner à nos armées les moyens d’assurer la défense des Français, à la police ceux de reconquérir les zones de non-droit sans se faire mettre en joue par des voyous équipés de Kalachnikovs à Marseille ou ailleurs et à l’Etat ceux de se rétablir dans les quartiers et dans les banlieues.

Je crois profondément qu’Emmanuel Macron a eu tort d’enterrer aussi rapidement le plan Borloo en laissant les habitants des banlieues à leur sort. Le président de la République a raison de souhaiter une gouvernance mondiale de la Tech et de vouloir faire de la France le pays où on construit et on pense l’innovation durable et responsable, pour autant, bien sûr, que l’action dépasse le stade du discours. Mais cela ne doit pas se faire sans les banlieues. C’eût été un signe fort que le chef de l’Etat laisse le soin au Premier ministre de recevoir les grands dirigeants de la Tech mercredi, comme il lui en confie la responsabilité pour les syndicats de la SNCF, et parte plutôt à la rencontre des habitants des cités.

La fracturation de notre société est un défi essentiel, sans doute le premier. Substituer un clivage riches – pauvres / premiers – derniers de cordée au traditionnel clivage droite-gauche serait la pire des évolutions. C’est pourtant ce qui est en train de se passer. Voir 71 % des ouvriers  désapprouver la politique actuelle quand 57 % des cadres la soutiennent est un vrai problème. Car le clivage bénéficiaires / oubliés du système est celui qui conduit à tous les populismes, à toutes les révolutions, à toutes les dictatures.

La France comme l’Union méritent un autre avenir. C’est parce que nous affronterons la réalité des choses, tout en ré-émerveillant les Français autour d’un projet de grandeur et de croissance partagée que nous parviendrons à faire durablement repartir notre pays et à réunir notre peuple. L’heure n’est pas à renoncer, mais à agir. Les blessures de notre nation et celle de l’Europe sont un appel à les servir et à les faire progresser. Le défi est à notre portée. Ensemble, rassemblons les Français pour donner à la France et à l’Union un avenir meilleur.

Bon week-end à tous

François Vigne

Président de la France en marche

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