Le Comité Consultatif National d’Éthique (CCNE) a rendu ce matin un avis dans lequel il se prononce, sans surprise, favorable à « l’ouverture de l’Assistance médicale à la procréation (AMP) pour les couples de femmes et les femmes seules ».
Pas à pas, le pouvoir continue de préparer l’opinion publique à la mise en œuvre de la promesse présidentielle de généralisation de la Procréation Médicalement Assistée.
Les États généraux de la bioéthique du printemps dernier avaient pourtant confirmé une profonde division des Français sur le sujet et un rejet largement majoritaire de l’ouverture de la PMA aux couples de femmes et aux femmes seules. Les résultats ne convenant pas, le président du Comité Consultatif National d’Éthique a disqualifié la consultation nationale, marqués par une forte participation citoyenne, au motif d’un soi-disant manque de représentativité et de la participation de militants.
Le nouvel avis du CCNE constitue une nouvelle étape dans la campagne réalisée pour forcer les Français à consentir à la généralisation de la PMA malgré leurs réticences.
L’avis publié ce matin par la CCNE frappe en la matière par sa pauvreté. Malgré ses 160 pages, il constitue une accumulation de généralités et d’argument mal fondés, sans recherche éthique véritable, ni recherche de la simple vérité.
S’agissant de la PMA, l’argument de l’égalité étant désormais considéré trop faible, c’est au tour de celui de la réponse apportée à une souffrance d’être mis en avant.
Il est clair que, pour beaucoup d’homosexuels, et plus largement pour les personnes ne pouvant avoir naturellement un enfant, leur situation d’infécondité est génératrice de grandes souffrances. L’adoption, quand elle est possible, ne la soulage pas nécessairement complètement du fait de l’absence de lien physique et naturel de filiation ou de maternité.
Pour autant, prendre l’hypothèse que la PMA, avec toutes les questions d’incertitude, d’abandon et de manque de paternité qu’elle pose, suffira à faire disparaître toute souffrance, est une posture injustifée. Il est tout aussi spécieux de disqualifier les études probantes confirmant la plus grande vulnérabilité des familles monoparentales existantes au motif qu’il pourrait en aller différemment dans le futur pour des situations monoparentales plus choisies…
L’avis du CCNE passe également sous silence la question de la souffrance de l’enfant privé volontairement de père, ni de la réponse que la société devra lui apporter dans l’avenir. Le CCNE apporte donc une mauvaise réponse, ou une réponse biaisée, à une bonne question.
L’argument additionnel de répondre à un état de société n’est pas plus convaincant. Le faire triompher, c’est admettre la primauté de l’état de fait sur l’éthique et sur la loi. En poussant l’argument, on en viendrait à devoir légaliser les violences conjugales, les incivilités et bien d’autres situations encore, ce qui n’aurait pas de sens. Son utilisation ne fait que confirmer la faiblesse des fondements éthiques de l’avis du CCNE.
Dans cette même volonté de justifier l’injustifiable, le Comité Consultatif National d’Éthique procède par omission. Il confirme le rejet officiel de la Gestation Pour Autrui en oubliant de reconnaître que la généralisation de la PMA conduira inévitablement à la légalisation de la GPA. Il faut chasser l’hypocrisie. Au nom de quoi pourrons-nous demain refuser aux couples d’hommes de répondre à leurs souffrances en leur accordant l’aide à la procréation consentie aux couples de femmes ? Ce ne sera plus qu’une question de calendrier !
Nous sommes face à nos responsabilités. C’est à nous qu’il revient de préparer l’avenir de la France, celui de nos enfants et de nos petits-enfants. Généraliser la PMA, comme autoriser la GPA, c’est faire une pas supplémentaire vers la marchandisation des corps et la déshumanisation de l’humanité, un grand pas en arrière pour nous tous, au profit d’intérêts marchands bien compris, mais au détriment de ce qui fait la spécificité et la grandeur de l’Homme.
C’est pour cela que nous devons refuser un tel pas en arrière. C’est pour cela aussi qu’il faut poser la question du maintien du Comité Consultatif National d’Éthique dans sa forme actuelle, un comité dont les avis semblent avoir perdu toute véritable recherche d’éthique et de bien commun. Le CCNE n’est pas plus à la hauteur de sa mission que ne l’était le Conseil supérieur des programmes de l’Education nationale avant sa recomposition par Jean-Michel Blanquer.
Il y a donc urgence à le changer pour permettre aux Françaises et aux Français de prendre, en toute connaissance et en toute conscience, leur destin en main !