La Commission européenne a annoncé mardi sa décision de rejeter le budget prévisionnel pour 2019 présenté par le gouvernement italien. Cet acte plonge l’Union dans l’inconnu : c’est la première fois que la Commission censure le budget d’un État membre et questionne ainsi sa souveraineté.
L’Italie dispose maintenant de trois semaines pour revoir sa copie. En cas de désaccord persistant, la Commission pourrait enclencher une procédure de sanction pour déficit excessif, assortie le cas échéant d’une amende. Le bras de fer est engagé. Le pari est d’autant plus incertain que l’Italie est un pays fondateur de l’Union et que son gouvernement jouit d’une popularité très forte.
Il eût été largement préférable d’éviter cette issue qui ne peut qu’alimenter la défiance des Italiens à l’encontre des institutions européennes.
Nous ne devons pas oublier que l’Italie a été l’une des nations qui a payé le plus lourd tribut à la crise des migrants. Et il faut rappeler que le vrai problème de l’Italie n’est pas son déficit, mais l’importance de sa dette publique (131% du PIB) et des intérêts y afférents qu’elle traîne comme un boulet depuis les années 80. Lui imposer une austérité budgétaire permanente n’est pas la solution.
Pour permettre à l’Italie de sortir de ses difficultés et faire avancer à l’Union, nous devons, plutôt que brandir le bâton, aider l’exécutif transalpin à orienter sa politique budgétaire vers le renforcement de la compétitivité de l’offre en investissant dans ses infrastructures et son système éducatif, en baissant la fiscalité sur ses entreprises et en luttant contre la la bureaucratie et la corruption. Plus que par des sanctions, c’est par un accompagnement monétaire et budgétaire adapté que nous permettrons à l’Italie des réaliser les réformes ambitieuses nécessaires et à sortir par le haut et démocratiquement de la crise actuelle.
Pour repartir de l’avant, il est indispensable que l’Union regagne la confiance de ses citoyens. Cela suppose de revoir de fond en comble le fonctionnement des institutions européenne, afin de le simplifier considérablement, et d’éliminer les réglementations inutiles. Mais aucun avenir durable ne sera possible tant que les grands pays ne prendront pas les petits au sérieux, les fondateurs ne parleront pas à ceux qui ont rejoint l’Union plus tard, le Nord voudra décider pour le Sud, et l’Ouest ne respectera pas l’Est, ainsi que le soulignait Andrej Babiš, Premier ministre de la République tchèque, jeudi dernier à l’occasion de sa visite à Paris.
Le temps presse. C’est maintenant qu’il faut agir. Plus que jamais, l’avenir de l’Union est entre nos mains !