Hier encore, et pour le XIIIème samedi consécutif, ce sont plus de 50 000 Français qui ont manifesté pour exprimer leur mécontentement et leur hostilité face à la politique de l’exécutif.

Une nouvelle fois, le bilan matériel et surtout humain est très lourd. L’homme à la main arrachée et tous les autres blessés plus légers, parmi les manifestants et les forces de l’ordre, viennent s’ajouter à la cohorte des tués, blessés graves ou plus légers depuis le début de la révolte des Gilets jaunes. Ce nouvel épisode montre que le pouvoir n’a toujours pas trouvé la bonne réponse à cette crise profonde et que sa gestion du maintien de l’ordre n’est pas non plus adaptée. Cette situation ne doit plus durer.

En près de trois mois, ce sont plus de 12 personnes qui ont trouvé la mort et sans doute plus de 2500 qui ont été blessées à l’occasion de manifestations de Gilets jaunes. Le gouvernement a indiqué qu’il ne souhaitait plus communiquer sur le nombre de victimes pour le motif hypocrite que les hôpitaux n’avaient pas à révéler leurs convictions politiques. Le drame reste entier. Ce sont de destins brisés, de vies durement perturbées et de souffrances durables. Ce sont aussi des coûts très importants pour la nation, puisque les blessés les plus graves sont autant de nouveaux invalides qui seront, pour tout ou partie, à la charge de la nation et des générations futures.

Tout indique également que, comme la grève des mineurs de 1948, comme la Commune ou comme la révolte des Canuts de Lyon, cette crise et sa mauvaise gestion par l’exécutif fractureront durablement notre nation et hanteront sa mémoire, rendant toute réforme plus difficile. C’est pour cela qu’il est urgent de trouver une issue à l’affrontement et d’arrêter l’engrenage de la violence.

Cela impose au chef de l’Etat de décider et d’annoncer sans plus tarder la suite qu’il entend donner au Grand débat, ainsi que la voie qu’il propose aux Français pour sortir de la crise. L’incertitude et l’opacité actuelles, loin de contribuer à l’apaisement, sont un facteur supplémentaire d’inquiétude et de mobilisation.

La sortie de crise suppose aussi que Christophe Castaner cesse de mettre de l’huile sur le feu, comme il l’a encore fait hier. Sa responsabilité de ministre de l’Intérieur est d’assurer l’ordre, mais aussi la sécurité et l’intégrité physique de tous les citoyens, y compris manifestants, et de toujours chercher à éviter l’affrontement, sauf nécessité impérieuse.

L’hécatombe actuelle impose enfin de réviser nos techniques de gestion des manifestations et de réfléchir, beaucoup plus profondément que l’exécutif ne le fait actuellement, aux moyens de réduire fortement l’usage des grenades de désencerclement et des Lanceurs des Balles de Défense. Nous devons nous inspirer de l’exemple de nos voisins, dont le bilan humain dans l’encadrement des manifestations apparaît bien meilleur.

La responsabilité de l’exécutif est claire. L’heure est venue de rassembler les Français et de mettre un terme aux violences qui agitent et affaiblissent notre pays depuis trop longtemps. C’est dans l’unité et la paix retrouvées que notre pays pourra reprendre le chemin de la grandeur, de la croissance, de la prospérité et de l’avenir.

lfm_2016