A l’occasion du retour de son voyage en Israël, Emmanuel Macron a créé une nouvelle polémique inutile sur l’Algerie et la colonisation. Ses propos affirmant que la guerre d’Algérie pourrait avoir « à peu près le même statut que celui qu’avait la Shoah en 1995 » constituent une triple erreur.

Il s’agit d’abord d’une erreur historique. La Shoah fut l’ignoble tentative d’élimination d’un peuple et d’une communauté religieuse par le pouvoir nazi. Elle a fait 6 millions de morts de tous âges dans tous les territoires où Hitler et ses complices avaient, souvent par la force et la terreur, étendu leur pouvoir. La guerre d’Algérie fut une guerre de décolonisation menée dans un département français par l’armée de la République sous la conduite du gouvernement légitime et démocratiquement élu de la nation française. Les actes de torture illégaux qui l’ont malheureusement accompagnée côté français répondaient, dans l’immense majorité de sacs, aux actes de terrorisme perpétrés par le FLN contre les civils et les militaires français.

C’est ensuite une faute contre la France. Comparer la guerre d’Algérie à la Shoah, c’est insinuer que la Vème République du général de Gaule peut être comparé au régime nazi. Ce simple énoncé montre l’absurdité du discours présidentiel. S’il faut regretter les exactions commises par certains éléments de l’armée française et par des pieds-noirs dans ce qui fut une guerre civile au sein d’un département français, ce même traitement doit s’appliquer à toutes les violences commises lors des principales crises du même type de la Saint-Barthélémy à la guerre de Vendée en passant par la Terreur ou les révolutions du XIXème siècle.

Affirmer de nouveau que la colonisation française est tout aussi inepte. Notre nation n’a globalement pas à rougir de son histoire coloniale. Tout ne fut pas beau et certains actes n’auraient jamais dû être commis, mais ni les intentions, ni les principales réalisations de la France dans notre ancien empire colonial n’ont de raison de nous faire honte. L’histoire jugera sans doute plus sévèrement le silence présidentiel sur les persécutions du peuple Ouïghour par le gouvernement chinois, des Rohingyas par le pouvoir birman et bien d’autres méfaits, sur lesquels les moyens de communication actuels nous permettent une parfaite information, que les pages les plus sombres de l’époque coloniale.

L’instrumentalisation de la guerre d’Algérie à des fins de politique interne conduit enfin à créer de nouvelles divisions au sein de notre peuple, qui n’en a pas besoin. Après les affres du quinquennat Hollande, après la profonde crise des Gilets jaunes et le sévère conflit des retraites, il y a urgence à apaiser le climat social et à rassembler notre peuple autour de son histoire, de ses valeurs et d’une nouvelle ambition partagée. En choisissant une nouvelle fois de provoquer des tensions inutiles, Emmanuel Macron se comporte encore de façon immature et ne se montre pas à la hauteur de la fonction.

Dans l’intérêt de la France et de tous les Français, il doit y mettre un terme. Il est plus que temps de cesser ces polémiques stériles et de concentrer les énergies sur la réunification de notre peuple et sur le redressement du pays.

lfm_2016