Les promoteurs du Brexit l’avaient annoncé comme un chemin de roses. Après la dérobade de Boris Johnson, la démission hier de Nigel Farage montre qu’il n’était qu’une mascarade. Les artisans du Brexit ont non seulement menti sur ses bénéfices, comme ils l’ont reconnu depuis, mais ils n’avaient de plus aucun plan pour sa mise en œuvre. Aujourd’hui, ils préfèrent abandonner le navire plutôt que de gérer les conséquences de la tempête qu’ils ont déclenchée !
Selon ses partisans, le Brexit devrait permettre à la Grande-Bretagne de retrouver sa pleine souveraineté, de faire des économies et de contrôler son immigration. Leur recherche actuelle du statu quo confirme qu’il n’en sera rien. Déjà, le Royaume-Uni a dû renoncer à l’objectif d’équilibre budgétaire qu’il visait en l’absence de Brexit. La probable renégociation des accords du Touquet va compliquer la gestion de l’immigration. Et tous ceux qui se plaignaient de l’excessive financiarisation et du renforcement des inégalités au Royaume-Uni voient le chancelier de l’Echiquier se lancer dans la fuite en avant en baissant l’impôt sur les sociétés…
Soyons clair : il ne s’agit nullement de remettre en cause la légitimité du vote britannique. Et il n’y a aucun doute qu’il y a urgence à transformer en profondeur l’Union, son organisation et sa gouvernance si nous voulons lui permettre de retrouver l’adhésion des peuples d’Europe.
Pour autant, c’est notre rôle et notre responsabilité de rendre clair auprès des Français que les bénéfices d’une éventuelle sortie de l’Union sont très incertains et qu’il est plus qu’improbable qu’ils soient supérieurs à ses coûts. C’est vrai pour le Brexit. Cela le serait aussi pour un éventuel Frexit.
Les responsables politiques actuels ont tort de céder à la panique et de reprendre à leur compte les arguments des partisans du Brexit. La course à la remise en cause des règles communes et au chacun pour soi, dans laquelle viennent de se lancer Manuel Valls pour les travailleurs détachés, Matteo Renzi avec les banques italiennes ou le gouvernement hongrois concernant les migrants, ne mènera nulle part sinon à la faillite de l’édifice européen.
C’est au contraire en dévoilant l’imposture des promoteurs du Brexit tout en nous attaquant, avec détermination, audace et créativité aux faiblesses de l’Union, que nous permettrons à la France et à l’Europe de repartir de l’avant avec le soutien de leurs peuples.