Venant après les scandales Cahuzac, Benguigui, Taubira, Royal et Lemas, les affaires Morelle et Voynet ont trahi l’inconséquence du pouvoir.

Au moment même où Manuel Valls annonçait un plan de rigueur qui affecte sévèrement la vie des Français, nous apprenions que le président de la République avait toléré les pratiques de petits marquis de son plus proche collaborateur et qu’il venait de créer un emploi public de complaisance au profit d’une alliée politique.

Il ne sert à rien de dénoncer le populisme des extrêmes si c’est pour mieux l’alimenter par des pratiques scandaleuses. Il ne sert à rien de truffer son discours de références au principe d’égalité si c’est pour créer une cour de super citoyens bénéficiant du privilège de traitement ou d’emploi. Faites ce que je dis, pas ce que je fais, les partis extrêmes ne peuvent rêver de meilleur soutien à leur discours. L’hypocrisie et le double langage ont un effet destructeur sur la légitimité et la crédibilité politiques.

Pouvoir sans conscience n’est que ruine de la politique. C’est pour cela que nous devons réagir et prendre de nouvelles mesures pour éviter les dérives du pouvoir de nomination. Nous, R2F, proposons d’interdire la nomination, par tout détenteur d’un pouvoir public, d’un membre de sa famille, qu’il soit ascendant, descendant, conjoint, ex conjoint ou lié par tout autre lien de parenté proche. Nous proposons aussi d’interdire la nomination de tout ex élu à un emploi public dans les cinq ans suivant sa non réélection, cette règle ne l’empêchant évidemment pas de se porter candidat à un concours administratif ou à un emploi privé.

Mais les meilleures règles ne suffiront pas. Il faut retrouver une éthique de la nomination. Rien ne pourra nous protéger plus efficacement contre un détournement du pouvoir à des fins personnelles, familiales ou partisanes. Le pouvoir de nomination ne doit avoir qu’un seul but : doter les postes considérés des meilleurs titulaires. Et il revient au détenteur du pouvoir de nomination de s’assurer que son candidat possède l’éthique nécessaire pour exercer, puis conserver ses fonctions. C’est cela aussi être responsable.

Il faut aussi réhabiliter le sens du service en politique. Dans toutes les affaires récentes, on cherche en vain le sens du service des personnes impliquées. Pierre-René Lemas aurait dû, comme Dominique Voynet, refuser le poste qui lui était proposé, au nom d’une conception exigeante du service public. C’est parce que trop de détenteurs de pouvoirs publics semblent avoir oublié cette dimension essentielle de leur mission qu’il convient de la rappeler plus que jamais. La politique n’est pas une carrière, c’est un service.

Ne cédons pas au désabusement, ni à la complaisance. L’histoire l’a montré : les choses peuvent changer. Peut-être des hommes politiques banals n’en sont-ils pas capables. C’est pour cela que la France a besoin de nouveaux dirigeants !

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