La nomination de Benjamin Smith à la tête d’Air France constitue une nouvelle erreur dans la litanie de celles qui ont marqué l’histoire de la compagnie depuis plus de vingt ans et une abdication de plus pour sa tutelle, à savoir le gouvernement.

Contrairement au discours de l’exécutif et aux éléments de langages repris par les pseudo-experts et autres flatteurs qui travaillent pour lui, le nouveau directeur général du groupe Air France n’est pas l’oiseau rare annoncé. Quelles que soient ses qualités, rien dans son parcours n’en fait le sauveur que certains voudraient voir.

Regretter profondément que le pavillon national ne soit plus dirigé par un Français n’est pas faire preuve d’un chauvinisme dépassé. L’histoire économique du monde des 30 dernières années confirme le caractère décisif de la nationalité du dirigeant quand les intérêts nationaux sont en jeu. Tous ceux qui prétendent le contraire sont des menteurs.

L’augmentation de salaire exigée par Benjamin Smith pour prendre la tête d’Air France démontre d’ailleurs que celui-ci est d’abord un mercenaire. Personne ne devra être étonné s’il agit demain en tant que tel.

Plus fondamentalement, la pantalonnade qu’a constituée la désignation du nouveau dirigeant de la compagnie montre que rien n’est résolu.

Air France souffre de trois problèmes essentiels : une gouvernance défectueuse, une absence de stratégie claire et pertinente, ainsi que de surcoûts pénalisants.

En laissant ses différents dirigeants mener la compagnie dans la situation où elle se trouve aujourd’hui, en autorisant Jean-Marc Janaillac à lancer un référendum sans prévoir de solution de remplacement, en mettant plus de deux mois et demi, dans des conditions au surplus opaques, à lui désigner un successeur quand Total n’a pas eu besoin de plus de 12h, la gouvernance d’Air France a démontré son inefficacité totale. Il faut la revoir de fond en comble.

La compagnie tricolore a aussi besoin d’une stratégie claire et pertinente. Elle doit assumer sa vocation d’entreprise premium portant haut les couleurs nationales et offrant sécurité, ponctualité, connectivité, confort et art de vivre à la française à ses passagers, plutôt que de s’épuiser à courir tous les lièvres à la fois. C’est la condition de sa renaissance. Il n’y a plus de temps à perdre.

Il faut enfin résoudre le problème des surcoûts d’Air France. La question n’est pas uniquement celle des rémunérations des pilotes ou des personnels au sol ou naviguant. Elle est aussi celle des strates de management administratif, des interventions politiques dans la gestion sociale de l’entreprise ou des taxes variées qui grèvent sa profitabilité.

La question n’est plus en la matière de rattraper le retard, mais de donner à Air France les moyens de gagner un temps d’avance par rapport à ses rivales et de rebâtir la compagnie pour qu’elle soit une grande gagnante de l’aviation du XXIème siècle.

Ne nous censurons plus en faisant des éventuelles contraintes bruxelloises un obstacle infranchissable. L’histoire récente montre que la bureaucratie européenne sait reculer quand elle rencontre une volonté forte et une position justifiée.

Air France est un élément essentiel de la souveraineté nationale. Il est essentiel pour le pays d’avoir un transporteur national sur qui compter pour rapatrier d’urgence nos compatriotes ou acheminer nos troupes quand les circonstances l’exigent. Nous savons tous que nous ne pourrons jamais compter sur Easy Jet ou Ryanair pour remplir de telles missions, mais que le soldat Air France répondra présent !

Même si la nomination de Benjamin Smith est une erreur, il ne faut plus tergiverser.  Le futur d’Air France n’est pas assuré. Le compte à rebours est enclenché.

L’heure est venue de donner un grand avenir à notre belle compagnie tricolore en rénovant complètement sa gouvernance, en lui fixant une stratégie claire et en lui offrant enfin les moyens de résoudre ses problèmes de surcoûts. Il en va de l’avenir d’Air France et de notre souveraineté nationale !

lfm_2016