Chers Amis,
S’il y a une chose que la grève en cours démontre, après l’interminable crise des Gilets jaunes, c’est l’incapacité de l’exécutif actuel à bien gouverner. Arriver à un tel blocage et à un tel gâchis, alors que les Français sont convaincus de la nécessité d’une réforme, est invraisemblable. Avec déjà plus de 37 jours de conflit, la grève est la plus longue qu’a jamais connue la SNCF et que nous n’ayons jamais subie. Il faut souhaiter que les annonces du Premier ministre ce matin soient suffisamment concrètes pour permettre enfin une sortie de crise.
La situation actuelle est d’autant plus absurde qu’il ne reste déjà plus rien du soi-disant projet de réforme des retraites. Après les différentes concessions du gouvernement, l’ambition de suppression des régimes spéciaux a été remisée aux oubliettes et les inégalités face à la retraite risquent même de se renforcer. Surtout, le coût des retraites pour l’économie française va s’accroître et c’est de nouveau le secteur privé, salariés et entreprises, qui aura à payer.
Le remboursement du passe Navigo est une bonne illustration de l’inconséquence des pouvoirs publics. Il est légitime, après les souffrances encourues depuis plus d’un mois, que les salariés voient la facture de décembre remboursée. Mais il n’y a aucune justification à ce que les salariés reçoivent 100% de ce remboursement, quand leur entreprise a pris en charge 50% de la facture. La logique et la bonne gestion auraient voulu qu’entreprise et salarié bénéficient chacun du remboursement à proportion de ce qu’ils ont réellement supporté !
Comme l’a parfaitement diagnostiqué le président du Sénat hier, la crise actuelle résulte avant tout d’un problème de méthode. En agissant de nouveau avec l’arrogance technocratique qui fait sa marque, en snobant les syndicats, en cherchant à louvoyer avec les Français pour éviter de revenir formellement sur sa promesse électorale de ne pas relever l’âge de la retraite, le pouvoir a braqué ses interlocuteurs et perdu la confiance de tous les citoyens. Il est urgent de revenir à plus d’humilité, de respecter les corps intermédiaires et de dire la vérité aux Français.
Je crois fondamentalement qu’il est possible de réformer en France. Notre peuple y est prêt ! Mais il faut, pour réussir, abandonner les veilles combines et les méthodes éculées. Même si le système scolaire français n’a pas encore entrepris son redressement, les Français, pris dans leur globalité, sont mieux formés. C’est en parlant à leur intelligence, en les respectant et en osant la vérité que les vraies réformes deviendront possibles. Dans cette perspective, Gérard Larcher a raison de subordonner l’examen du projet de réforme des retraites à la présentation d’une étude d’impact. Les parlementaires et les Français doivent savoir combien va coûter le projet gouvernemental dans sa dernière version et qui va payer.
S’il y a autre chose que la crise actuelle démontre, c’est que la réforme de l’Etat est la priorité. Une fois encore, ce sont les salariés du secteur public et du parapublic qui bloquent le pays, démontrant l’incapacité de l’exécutif à bien les manager. L’enquête révélée cette semaine sur le moral des enseignants est éloquente. Seuls 38,5 % d’entre eux se sentent prêts à exercer leur métier jusqu’à la retraite faute de formation suffisante, de moyens nécessaires et de charge de travail adaptée. Ce constat est dramatique. Il montre l’ampleur du travail à réaliser dans l’Education nationale, mais aussi dans le reste de l’administration.
C’est tout l’Etat et l’ensemble de son action qui sont à reconstruire avec courage, lucidité et vérité. La lutte contre le terrorisme en est un autre exemple, comme l’ont démontré l’attentat de Villejuif et les attaques déjouées du week-end dernier. Les troubles psychologiques sont sans doute consubstantiels au terrorisme. Mais ils ne doivent servir d’alibi ni à leurs auteurs, ni aux échecs des pouvoirs publics.
Lucidité, appel à l’intelligence, vérité et action, voilà des mots que nous voulons mettre au cœur du gouvernement de notre pays pour lui permettre de repartir vraiment de l’avant, de réaliser son plein potentiel et d’offrir à sa jeunesse le plus bel avenir. C’est aussi la meilleure façon de lutter vraiment contre ce que les cercles du pouvoir qualifient de montée du populisme, mais qui n’est, en fait, que la conséquence des lâchetés actuelles.
Cinq ans après l’immense manifestation du 11 janvier, nous sommes résolus à éviter que le rejet d’Emmanuel Macron et de son équipe par les Français fasse basculer notre pays dans les bras du parti de Marine Le Pen et à offrir à notre peuple l’alternative qu’il mérite.
Ensemble, agissons pour le service de la France et le bien commun !
Bon week-end à tous
François Vigne