Chers Amis,

Y aura-t-il des trains pour Noël ? Les Français le méritent après 15 jours d’une grève qu’ils endurent avec courage et dignité. Ils le méritent d’autant plus que tout indique que le projet de réforme des retraites gouvernemental ne servira pas à grand-chose après les différentes concessions de l’exécutif. L’essentiel restera à faire. C’est une raison supplémentaire pour s’occuper des vrais sujets. Dans cette perspective, l’échec de la COP 25 et celui du sommet de Bruxelles vendredi dernier sont plus graves que le devenir du projet gouvernemental actuel.

Il est indispensable d’adapter notre système de retraite à nos perspectives démographiques. L’immense majorité des Français partage cette opinion. Mais le coût très important du projet gouvernemental pour les finances publiques, après les dernières concessions catégorielles de l’exécutif, conduira à faire bondir le poids des retraites de 13,8% à 15% du PIIB et à encore alourdir la dette nationale au détriment des jeunes générations. Il n’est pas surprenant dans ces conditions que 78% des Français nés après 1975 ne fassent pas confiance au pouvoir pour la mise en place du nouveau système et soutiennent le mouvement de grève après deux semaines de perturbation.

L’exécutif avait calé son calendrier d‘annonce en misant sur le rapport de force et en pariant sur une nécessaire reprise du travail pour les congés de Noël. Ce pari s’est avéré perdant. C’est donc bien le fiasco de la méthode gouvernementale en matière de réforme que le conflit social actuel illustre. De même et de façon plus dramatique encore, l’échec de la COP25 à Madrid le week-end dernier a mis en évidence l’impasse de la méthode actuelle pour enrayer le dérèglement climatique et renverser enfin la tendance.

Dans un monde où les États les plus puissants de la planète pourfendent le multilatéralisme et font de l’égoïsme national un slogan électoral, s’en remettre aux seules négociations interétatiques est voué à l’échec. Il faut désormais actionner d’autres leviers, jouer la carte des entreprises vertueuses, de l’industrie locale circulaire, de la finance verte et celle de la société civile, tout en mettant en place de nouveaux dispositifs commerciaux et fiscaux sanctionnant les États les plus pollueurs et récompensant ceux qui œuvrent au bien commun.

Ce qui est vrai pour le monde l’est aussi pour l’Union. Le fiasco du sommet européen de la semaine dernière à Bruxelles démontre la nécessité de transformer sa gouvernance. La France et l’Allemagne se sont de nouveau montrées incapables de convaincre la Pologne de rallier l’objectif de neutralité carbone en 2050. Un an a encore été perdu, malgré l’urgence climatique. L’heure est venue de se donner les moyens de ne plus en perdre en prenant les mesures nécessaires pour que les Etats récalcitrants n’empêchent plus les autres d’avancer. La France a un rôle-clef à jouer en la matière. Il eut fallu consacrer plus d’énergie à ce sujet et en gaspiller moins sur celui des retraites dans l’intérêt de nos enfants et petits-enfants.

C’est également en pensant à eux et à l’avenir de notre démocratie qu’il faut s’opposer à la circulaire Castaner imposant l’attribution des nuances politiques dans les communes de plus 9 000 habitants pour les prochaines élections municipales. L’objectif est clair. Permettre au parti présidentiel de s’attribuer le succès de listes qui n’ont rien à voir avec lui. La ficelle est ancienne et la manœuvre grossière. Il est temps de mettre un terme à ces vieilles pratiques qui ne trompent plus personne.

Ce sont encore de mauvaises habitudes qui ont été sanctionnées cette semaine avec le départ de Jean-Paul Delevoye du gouvernement. Les faits sont ce qu’ils sont. Mais il est inacceptable, après les affaires Benalla, Rugy, Bayrou, Ferrand et autres, d’avoir encore vu un Premier ministre et plusieurs ministres défendre jusqu’à lundi l’injustifiable en desservant la parole publique. Et il est incompréhensible que les services de l’Etat continuent à se montrer incapables de prévenir de telles situations. Alors que le ministre des comptes publics installe de nouveaux dispositifs digitaux pour traquer les contribuables, de tels dysfonctionnements trahissent soit l’incompétence des services de l’Etat, soit les mensonges de leurs chefs. Les deux sont inacceptables.

La mise en examen de Sylvie Goulard, il y a quelques jours, confirme que les parlementaires européens ont eu raison de refuser sa nomination malgré les cris d’orfraies de la majorité actuelle. Nous devons en tirer toutes les conséquences et établir de nouvelles règles, inspirées de celles qui existent au niveau européen, avant toute nomination d’un membre de l’exécutif français. Notre démocratie et la crédibilité publique ont beaucoup à y gagner au bénéfice de notre peuple tout entier.

C’est bien là notre projet. Il n’y a aucune fatalité, mais beaucoup de changements à réaliser, guidés par le seul service du pays et du bien commun. Ainsi pourrons-nous construire une France et une Europe plus belles, ainsi qu’un avenir meilleur pour les générations futures. Tout ceci est entre nos mains. A nous maintenant d’agir pour y parvenir !

Bonnes vacances à ceux qui ont la chance de pouvoir en profiter et belle fête de Noël à vous et vos familles

Amicalement

François Vigne

Président de la France en marche

lfm_2016