Chers Amis,

Donald Tusk, président du Conseil européen, a déclaré jeudi matin : « Il y a des moments où il faut décider. Il y a des moments où il faut donner du temps au temps. » Le sommet de Bruxelles était un moment où il fallait décider. Les chefs d’Etat et de gouvernement des pays de l’Union devaient placer le Royaume-Uni face à ses responsabilités. L’accord du 11 avril sur le report de l’échéance du Brexit est une faute politique. Il constitue une mauvaise nouvelle pour la France et pour l’Europe.

Un Brexit sans accord n’a rien d’une joyeuse perspective. Mais prolonger l’incertitude est encore pire. Il n’y a aucune raison pour que six mois supplémentaires permettent de trouver une solution consensuelle aux problèmes que près de trois ans de négociations n’ont pas permis de régler. Tout indique que nous serons au même point de blocage à l’automne prochain. Seule la pression de l’échéance immédiate amènera les responsables britanniques à se décider.

Les six mois de retard ne profiteront qu’à ceux qui veulent l’échec de l’Europe. Les tensions apparues entre les 27 depuis 48 heures le démontrent. Et la prolongation de l’incertitude coûtera cher à nos économies et à nos entreprises. Ne soyons pas naïfs. Derrière les Brexiters, les grandes puissances internationales sont à l’œuvre, de la Chine à la Russie en passant par les Etats-Unis, pour affaiblir l’Union et les nations qui la composent au bénéfice de leurs propres intérêts stratégiques, financiers et commerciaux.

L’actualité quotidienne en atteste. L’Europe a beaucoup de défis devant elle. Elle ne pouvait pas se permettre de perdre six mois de plus, pendant lesquelles les négociations du Brexit vont empêcher de traiter les vrais sujets. En choisissant de temporiser, ses dirigeants ne se sont montrés ni à la hauteur de l’histoire, ni à celle de leurs responsabilités.

C’est une faute aussi d’Emmanuel Macron vis-à-vis des Français que d’avoir tenté de manipuler les conclusions du Grand débat, ainsi que l’a reconnu le cabinet Roland Berger, en charge de son traitement, hier matin. Rétablir l’ISF serait une erreur. Une autre est de vouloir cacher aux Français que cette revendication constitue l’un des principaux points de convergence des participants au Grand débat.

La consultation a souffert de beaucoup de biais. Elle n’est en rien représentative, car elle ne répond pas aux contraintes qu’impose un tel exercice. Ni les jeunes, ni les actifs n’y ont participé, faute d’intérêt ou de temps. Les urbains, retraités et catégories plutôt favorisées y ont été surreprésentés. Trafiquer ses résultats réduit encore plus l’intérêt et la légitimité de la démarche.

Le chef de l’exécutif affirmait lui-même il y a quelques jours qu’il ne serait pas un bon président s’il répondait aux Français par des entourloupes… En y cédant pour sortir du Grand débat, Emmanuel Macron affaiblit notre démocratie et nos institutions. L’expression de la volonté populaire est un bien trop sacré pour ne pas être respecté. En ajoutant une nouvelle contribution à la fake-newisation de la vie politique française, le chef de l’Etat joue avec le feu.

Il y a tant de choses à faire et tant de défis à relever. Les très mauvaises statistiques de la délinquance, comme celles du niveau des jeunes Français en mathématiques et en langue, ou les nouvelles alertes du FMI sur la croissance, confirment que nous n’avons pas de temps à perdre. C’est sans attendre qu’il faut agir, avec audace, imagination et rigueur, au service de notre pays et de son avenir. Dans l’intérêt de tous, il est urgent que les hommes ou femmes d’appareil ou de parti cèdent la place aux serviteurs de la France et du bien commun.

Là est la source de notre combat et de notre engagement. Le destin de la France et de l’Europe sera ce que nous en ferons. Ensemble, construisons l’avenir que notre pays mérite tant.

Bon week-end à tous

François Vigne

Président de la France en marche

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