Le président de la République s’est exprimé mardi soir. Son discours était attendu. Il était important après 14 mois de crise des Gilets jaunes et près d’un mois de grève consécutive au projet gouvernemental sur les retraites. L’exercice est raté puisque 76% des Français ne l’ont pas trouvé convaincant.

De fait, les paroles du chef de l’Etat sont apparues trop éloignées de la réalité. A l’image de son mentor François Hollande, Emmanuel Macron préfère le discours à l’action, les mots à la vérité.

Qualifier que le projet de réforme des retraites actuel de « projet de justice et de progrès social parce qu’il assure l’universalité » est mentir aux Français. Les concessions faites aux policiers, aux pilotes, aux danseurs de l’Opéra, ainsi qu’aux personnels de la SNCF et de la RATP et tous ceux qui s’apprêtent à suivre, ont pour conséquence de transformer le système soi-disant unique en une floraison de « mini-régimes » propres à chacune des catégories, qui tue l’ambition initiale et le principal argument du projet gouvernemental.

Tout démontre aujourd’hui que le président de la République est moins attaché à l’équilibre de la réforme, à son impact pour les finances publiques et à l’avenir de nos enfants et petits-enfants, qu’à tenter de crédibiliser son statut de réformateur dans la perspective de la prochaine élection présidentielle.

Ce décalage entre le discours et la réalité, nous l’avons perçu aussi dans les paroles du chef de l’Etat sur l’Europe, sur l’unité de la nation ou sur son affirmation que «  nous n’avons pas à nous adapter au cours des choses ». Tout, dans son action depuis 29 mois, trahit une attitude contraire.

Les Français ne sont pas dupes. Ils ont jugé sévèrement l’affirmation du chef de l’exécutif selon laquelle la réforme projetée sera menée à son terme. 70%  d’entre eux considèrent qu’il n’est pas apparu prêt à trouver une solution au conflit en cours et 57% qu’il n’a pas cherché à apaiser notre peuple ! Après 15 mois de discours et quatre semaines de grèves, trois citoyens sur quatre estiment toujours que le gouvernement doit renoncer à son projet de réforme… C’est pour cela que le pari présidentiel  risque de s’avérer perdant pour lui et pour notre pays.

Il y a urgence à redresser la barre avant qu’il ne soit trop tard ! C’est la responsabilité première du chef de l’Etat de rétablir la crédibilité des institutions, à commencer par celle de la présidence de la République, auprès de tous les citoyens et de leur permettre de retrouver leur unité. Cela implique de changer de façon d’agir et de parler

Sans cette confiance et cette unité retrouvées, aucune réforme véritable, aucun progrès durable ne seront possibles pour notre nation, pour son peuple et pour l’Europe.

Nous méritons mieux ! C’est pour cela que le président de la République et son gouvernement doivent sans attendre corriger le tir.

lfm_2016