Chers Amis,

La crise du Coronavirus et les nouveaux développements de celle des migrants le confirment : c’est de plus d’union que nous avons besoin en Europe et pas le contraire. Il était illusoire de penser que les frontières et les mesures de restriction nationales nous protégeraient de l’épidémie. C’est au contraire une politique européenne de lutte concernée et coordonnée qu’il faudrait mener. Les scènes auxquelles nous avons assisté depuis le week-end dernier en Grèce et dans les pays des Balkans montrent l’impasse dans laquelle nous conduisent l’inaction de nos dirigeants et leur incapacité à mettre en place une solution durable.

Voilà plus de cinq ans que la crise des migrants a commencé. Les gouvernements se succèdent, mais c’est toujours dans l’urgence que les problèmes sont abordés, sans capacité d’anticipation, ni de réelle volonté d’élaborer des réponses de long terme. La politique du chacun pour soi ne fonctionne pas. Elle nous conduit collectivement dans l’ornière, comme l’ont montré l’évolution politique italienne ou celle de bien d’autres États de l’Union. Nous ne devons pas laisser la Grèce seule face au nouveau défi lancé par la stratégie incendiaire du président turc. C’est notre responsabilité collective de le relever ensemble, dans l’intérêt de tous.

L’enjeu est le même face à l’épidémie de coronavirus. Les États européens ont choisi de s’en tenir à des politiques nationales. L’échec est le même. Cette stratégie n’a permis ni d’endiguer la propagation du virus, ni de l’éviter dans certaines zones. Elle nous a en revanche privés des effets bénéfiques d’une massification de moyens et d’une coordination des actions de prévention. Il est plus que temps de définir et mettre en place des politiques européennes de santé, permettant aux citoyens de chacun des États membres de bénéficier des avancées des autres et de nous protéger ensemble contre de nouvelles menaces.

C’est d’autant plus nécessaire que la psychose actuelle nous mène droit dans le mur. Il est bien sûr essentiel d’assurer la protection des personnes à risque contre la propagation du coronavirus, à savoir les plus de 50 ans et surtout les plus de 70 ans, ainsi que les personnes souffrant de différentes pathologies. Mais les professionnels de santé ont raison de fustiger le manque d’anticipation des autorités dans cette crise sanitaire, face à laquelle l’exécutif semble toujours en retard d’une guerre et plus prompt à commenter qu’à agir, ainsi que l’incohérence de mesures conduisant à l’interdiction de différentes manifestations, tout en maintenant à tout prix les prochaines élections municipales.

Nous devons prendre un peu de recul. Le coronavirus n’est pas la peste. En trois mois, il a causé 3 300 décès, 3 300 morts de trop, quand la grippe saisonnière tue chaque année 300 000 à 650 000 personnes dans le monde. Il ne s’agit surtout pas de minimiser la menace du virus, ni de ses possibles mutations, ou de relâcher les mesures de bon sens en matière de prévention, alors que le nombre de victimes continue de progresser. Mais l’hystérie actuelle conduit à paralyser l’économie mondiale, ce qui fera sans doute beaucoup plus de victimes, et causera sans doute beaucoup plus de souffrances chez les plus vulnérables, que la maladie elle-même. Il est donc urgent de reprendre ses esprits et d’agir en prenant toutes les mesures nécessaires pour protéger la population et soigner les victimes, tout en évitant de provoquer inutilement une récession.

S’il y a une conclusion à laquelle doivent nous amener les évènements des derniers mois, c’est à l’humilité. Crise des Gilets jaunes, affaire Griveaux, affaire Vannier ou épidémie du coronavirus, ce sont nos fragilités individuelles qui sont mises à jour. Je lisais l’autre jour une intéressante étude de l’Université de Fribourg concluant que les dirigeants choisis au hasard obtenaient de meilleurs résultats que les soi-disant plus qualifiés ou qui se croyaient les meilleurs. Une précédente étude de McKinsey avait démontré que 82% des salariés jugeaient leurs dirigeants démotivants, quand 86% de ces derniers se pensaient inspirants… Ce qui est vrai pour les responsables économiques vaut aussi pour les dirigeants politiques !

Le quinquennat en cours fut, au moins jusqu’à l’affaire Benalla, placé sous le signe de l’hubris, en bon français l’orgueil, celui du du titulaire de la fonction présidentielle. Cette parenthèse se referme. La condamnation par les Français de l’usage du 49-3 pour le projet gouvernemental sur les retraites confirme qu’ils n’attendent pas de leurs gouvernants des démonstrations de force, ni d’affirmation de volonté, mais le service du bien commun. Ce dont la France, mais aussi l’Union, ont besoin, c’est de dirigeants modestes et humbles pour eux-mêmes, mais déterminés, ambitieux, et agissants pour le pays, animés par la seule volonté de servir et d’œuvrer pour un avenir meilleur.

Là est le chemin, là est notre projet. Ensemble, allons de l’avant et construisons la France que nous voulons !

François Vigne

Président de la France en marche

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