Chers Amis,

C’est notre responsabilité individuelle et collective. Nous devons tous respecter les consignes des autorités publiques afin de réduire au maximum la durée et les conséquences de cette période de confinement pour la nation. Ainsi pourrons-nous aussi soulager nos équipes médicales pleinement mobilisées pour soigner les patients atteints du coronavirus. Elles méritent notre vibrant hommage. En ce moment difficile pour chacun, l’heure n’est pas aux polémiques, mais à l’action au service de la France et de l’Europe. L’urgence est là !

Le temps viendra où il faudra tirer toutes les conséquences des erreurs qui ont conduit à la situation actuelle : l’insouciance, voire l’inconscience, de nos gouvernants pendant de précieuses semaines, leur incapacité à suspendre les vols en provenance de et vers la Chine depuis décembre dernier, le manque de réserve de masques, de gants, de tests de dépistage, d’appareils de ventilation artificielle et de gel hydroalcoolique, l’inconséquence d’avoir maintenu le premier tour des élections municipales le week-end dernier contre tout bon sens ou d’avoir attendu hier pour reporter à plus tard la première réunion des conseils municipaux suite au suffrage du week-end dernier.

Agnès Buzin a eu tort mardi dernier de créer une polémique à contretemps. Mais les questions posées par son interview au Monde sur les responsabilités gouvernementales dans la crise sanitaire actuelle sont graves et devront recevoir des réponses claires dès que celle-ci sera terminée. On peut aussi questionner le choix du confinement général. L’exemple comparé de la Corée du Sud et de l’Italie et de leur succès respectif dans la lutte contre le coronavirus montre que le débat devra être posé pour l’avenir. Ce n’est pas le moment. Comme nous l’a enseigné Descartes, une fois la route choisie, notre intérêt est de la suivre le plus droit possible jusqu’au point d’arrivée. Le temps de l’évaluation des responsabilités et du bilan viendra. Nous pouvons tous souhaiter qu’il arrive vite.

Éviter les polémiques pour se concentrer sur l’essentiel ne doit pas signifier continuer à multiplier les erreurs. Il y a urgence à mettre un terme à la cacophonie de l’exécutif sur le confinement et à stopper les annonces désordonnées. Il était irresponsable de mettre l’activité économique du pays à l’arrêt depuis le début de la semaine. C’est le résultat qu’ont produit les annonces trop vagues du président de la République lundi soir et sa déclaration : l’Etat paiera.

Le risque est réel que les salariés des industries essentielles, alimentaires, pharmacie, banques, télécommunications, transports, etc., continuent à se mettre en retrait pour protéger leur santé, ne comprenant pas de devoir continuer à travailler hors de leur domicile quand tous les fonctionnaires, cadres ou salariés du tertiaire sont aux abris. Plutôt que du coronavirus, les Français mourraient alors de faim !

Il est temps de retrouver la raison, en stoppant les annonces anxiogènes et en renvoyant au travail tous ceux dont l’activité est nécessaire, dans des conditions propres à assurer leur sécurité et leur bonne santé. Le chef de l’Etat a raison de corriger le tir en exhortant, depuis avant-hier, entreprises et salariés à poursuivre ou à reprendre leurs activités, après ses annonces mal maîtrisées des derniers jours. En temps de lutte contre une épidémie, il est essentiel de mobiliser, au-delà des soignants, l’appareil productif pour assurer la satisfaction des besoins d’alimentation et d’hygiène, ainsi que la production de tout ce qui est essentiel pour vaincre la maladie, des masques aux gants ou aux appareils de respiration artificielle.

C’est aussi la responsabilité de nos gouvernants de remettre les choses en perspective. Si le coronavirus a tué 372 personnes en France en deux mois, avec une forte accélération récemment, ce chiffre doit être mis en rapport avec celui des 1670 Français qui meurent chaque jour dans notre pays, toutes causes confondues. Il ne s’agit pas de minimiser le risque du coronavirus, ni de promouvoir un allégement des mesures de prévention qui s’imposent. Mais nous devons sortir de l’amateurisme et de la gestion en mode panique actuels afin de vaincre le plus vite possible la maladie et de permettre à notre pays de repartir de l’avant.

Il est essentiel de préparer sans plus attendre la sortie de crise. Comme l’a confirmé le Premier ministre hier, le choix du confinement va avoir des effets massifs sur l’économie. Son coût risque d’être considérable sur l’endettement du pays, sur la croissance et sur le chômage, si nous n’organisons pas déjà la France d’après. Il faut dès maintenant préparer les fonctionnaires, les salariés et toute la nation à faire les efforts nécessaires, dès la fin de la crise sanitaire, pour rattraper une partie du temps perdu et travailler plus, en renonçant si nécessaire aux congés de mai, en réduisant et en retardant ceux de l’été et en se mobilisant au service du pays.

Nous devrons aussi tirer toutes les conséquences de la crise actuelle pour la construction européenne. C’est la malheureuse réalité. Face à l’épreuve, les différents États n’ont fait preuve d’aucune solidarité, ni développé l’action concertée qui aurait été nécessaire. Loin de se comporter en Union, l’Europe à 27 a constitué un marché intérieur un peu amélioré. Ce sont des faits qu’il faudra affronter pour préparer l’avenir de la France et celui de l’Europe.

Il n’y a pas de doute. Avec l’aide de nos soignants, de nos chercheurs, de nos policiers, militaires et pompiers, de nos agriculteurs, industriels et commerçants, ainsi que de tous les autres, engagés au service du pays, nous allons gagner. Cette victoire exige la discipline de chacun et l’Union nationale. Bientôt, nous pourrons fêter ensemble la liberté retrouvée. C’est notre responsabilité de nous montrer d’ici-là dignes de la France.

Bon week-end en confinement à tous, dans un esprit de solidarité et dans l’Espérance d’une rapide libération

Amicalement

François Vigne

Président de la France en marche

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